Un reptile par habitant
de Théo Ananissoh

critiqué par Imani, le 1 février 2008
(Toulouse - 43 ans)


La note:  étoiles
SAISISSANT
Deuxième roman de cet auteur Togolais vivant en Allemagne. Un reptile par habitant est accrocheur dès le début. On le lit d'un trait car sitôt ouvert on ne peut le laisser avant d'avoir le fin mot de l'histoire.

L'auteur sait manier le suspense avec beauté et cela nous prend aux tripes.
Le roman nous fait vivre l'univers africain, son quotidien absurde à travers l'histoire d'un mort plutôt encombrant.
Comment cacher cette disparition quand le mort en question est un haut responsable politique ?
La fin vous donne froid dans le dos et pousse à réfléchir sur les absurdités de la vie et de l'histoire Africaine.

Ce livre est teinté d’érotisme, de lucidité sur la vie de petites gens entraînées malgré elles dans la marche de l’Histoire, dont on sous-entend que d’autres l’écriront à leur place.

J’ai découvert avec plaisir un grand romancier. J'espère que son prochain roman sera tout aussi surprenant
"C'est ma part de lutte !" 8 étoiles

Narcisse aime les femmes et c’est dans les bras de Joséphine qu’Edith le trouve pour lui demander ce qu’elle doit faire car elle vient de découvrir l’un de ses amants, militaire de haut rang, assassiné dans son salon. Avec la complicité d’un autre amant, Narcisse fait disparaître le cadavre. Mais, le régime profite de la disparition du militaire assassiné pour entreprendre une vaste campagne d’épuration qui laisse les protagonistes de l’histoire dans un bien grand embarras. Mais un collègue de travail de Narcisse lui transmet des révélations surprenantes sur l’assassinat du militaire et fomente d’autres projets téméraires « parce que L… a déjà bu le sang de l’enfant que tu auras demain. Il lui a sucé la moelle des os. Quel avenir veux-tu qu’ait un enfant dans un pays comme celui-ci ? »

Ce tout petit livre réussit en une centaine de pages à montrer comment fonctionnent encore nombre de pays africains qui ne connaissent que des régimes autoritaires qui manipulent des foules très crédules pour conserver le pouvoir et bénéficier des richesses locales et des largesses internationales. Ananissoh en profite au passage pour dénoncer la corruption, la trahison et de façon plus surprenante dans ce livre le manque d’hygiène généralisé en Afrique, la sexualité sans sentiment et la condition réservée aux femmes ce qui d’évidence pose le problème du SIDA sur l’ensemble du continent.

C’est une vision bien pessimiste de l’Afrique que nous livre ce Togolais qui a choisi l’exil en Allemagne.

Débézed - Besançon - 76 ans - 24 avril 2008