Le Vagabond et autres histoires
de Rabindranath Tagore

critiqué par Matthias1992, le 24 novembre 2007
( - 32 ans)


La note:  étoiles
Nouvelles de Tagore
"Les nouvelles de Rabindranath Tagore le placent parmi les plus grand maîtres de cet art dans le monde."
Par une observation minutieuse de ce qui l'entoure et par une poésie spirituelle séduisante; Tagore réussit à écrire des nouvelles qui se démarquent de nombre d'autres.
Néanmoins, la singularité de certaines histoires et la particularité de certaines expressions ne rendent pas la compréhension des textes toujours faciles.
Je vais faire la critiquer de quatre nouvelles de ce recueil, qui me paraissent particulièrement représentatives de celui-ci

notations: (0) médiocre - * moyen - ** assez bien, bien - *** très bien - **** excellent

. "Le vagabond" (1893-1895)
**: Si "Le vagabond" est une nouvelle imprégnée de mystère et de magie, son principal intérêt demeure le personnage de Tara, cet artiste vagabond qui ne supporte pas de rester dans en cage, tel un oiseau, éprouvant constamment le besoin de partir, de voyager, etc.
Cette nouvelle repose entièrement sur le caractère de ce personnage; ainsi un lecteur à ce personnage dès le début de la nouvelle peut facilement deviner sa chute.
Le texte est donc rendu fragile, car le corps de cette nouvelle, son cordon ombilical, son centre névralgique, son coeur, son noyau et sa chute consistent essentiellement en la peinture de la psychologie de Tara.
La fatalité s'immisce donc dans cette nouvelle intéressante mais à l'histoire relativement prévisible. Notons un style poétique et séduisant.

. "Nuage et soleil" (1893-1895)
***: Les injustices de la ville, l'évocation de la situation météorologique ("Il avait plu la veille, mais ce jour-là il n'y avait aucun signe de pluie et un pâle soleil et des nuages dispersés s'amusaient à colorer des longues traînées de leur pinceaux les champs où la moisson d'automne était déjà mûre."), la singularité de la culture indienne et le style à la fois simple et chaleureux de l'auteur mettent bien en exergue l'ambiguïté de la relation entre Sashibhusan et Giribala, dont on aurait d'ailleurs pu faire tout un roman.

. "Le juge" (1893-1895)
*: Le cadre est intéressant mais dans le fond cette nouvelle est assez pauvre: l'intrigue est trop compliquée, les personnages ne sont pas mis en valeur, Tagore n'use pas des expressions poétiques qui caractérisent pourtant son style habituel et la chute est peu compréhensible.
Reste le mystère qui plane sur chaque écrit du célèbre écrivain indien (et lauréat du prix Nobel de littérature).

. "Le bûcher funèbre" (1893-1895)
****: Il s'agit probablement de la nouvelle la plus aboutie de Tagore. Elle est constituée d'un savant mélange de magie, de mystère, de fatalité, de hasard, d'amour, d'épique et de tragique. On y remarque également une critique de la pratique du bûcher funèbre (le fait que l'épouse soit brûlée si son mari meurt) et tout cela dirigé avec brio par un Tagore plus inspiré que jamais.



Comme vous pouvez vous en apercevoir, cela reste assez inégal, mais globalement réussi.
Fraîches nouvelles du Bengale 10 étoiles

Quel plaisir, quel repos que la lecture de ce recueil. Magnifique de poésie et d'émotions.

Le Vagabond : 5/5 Tara est chaleureusement accueilli au sein de la famille d'un sahib. Charu, sa fille, est une jeune fille jalouse et impossible qui accepte mal la présence de l'impénétrable jeune homme.

Le trésor caché : 3/5 Mrityunjay apprend à ses dépens que l'amour des richesses est dangereux.

Nuage et soleil : 4/5 Sashibhusan est un jeune homme épris de justice. Il s'est pris d'affection pour sa jeune élève Giribala. Mais le père de Giribala, aux prises avec la justice, ne l'aime guère.

Les Illusions Perdues : 5/5 La fille du Nabab Gholam Kader Khan de Badraon s'est éprise du général hindou Kesharlal. Elle est prête à tout pour retrouver son amour.

Le Juge : 4/5 Le juge Mohit, homme droit et sévère, cache une nature lascive et nuisible.

Le Bûcher Funèbre : 3,5/5 Mariée contre son gré à un mourant, Mahamaya, selon la tradition, sera brûlée au bûcher funèbre sur la décision cruelle de son frère. Mais elle en réchappera vivante. Nouvelle inspirée certes, mais trop courte et la fin était trop évidente.

Le Temple : 3/5 Joy Kali est la gardienne du temple de Krishna. Femme imposante au caractère difficile, elle est dure avec son fils Nolin.

La petite mariée : 5/5 Apurbo est un jeune homme instruit. Il tombe éperdument amoureux de Mrinmayi, une jeune fille impétueuse et farceuse. Mais l'amour ne semble guère être réciproque. Selon moi la nouvelle la plus émouvante de ce recueil.

L'Horoscope : 4/5 Le narrateur avoue avoir épousé Sunetra, cette fille qui ne jurait que par les planètes et l'astrologie, par une fraude. Mais honteux du mensonge, il s'efforce chaque jour de sa vie à la mériter un peu plus.

Martin1 - Chavagnes-en-Paillers (Vendée) - - ans - 28 août 2013


Spiritualité et relaxation 7 étoiles

Tagore distille ses nouvelles avec calme et sérénité en observant attentivement tous les êtres et toutes les choses qui l'environnent. La nature est pour lui une source d'inspiration perpétuelle et lui donne motif à exprimer toute la poésie qui imprègne notre monde quand on est en état de réceptivité.

En fait, Tagore va voir l'esprit des choses plus que les choses elles-mêmes car en toute chose il y a un esprit. Ses nouvelles sont ainsi empreintes d'une grande spiritualité qui affleure d'autant plus que les textes sont extrêmement dépouillés, comme de la poésie en prose.

Lire une nouvelle de Tagore est aussi délassant qu'une séance de relaxation mais lire une poésie de Tagore c'est approcher le nirvana.

Débézed - Besançon - 77 ans - 7 avril 2008


Le Vagabond, de Tagore, une entrée dans le rêve 9 étoiles

Comme dans tous les romans de Tagore, il y a une aspiration vers le rêve; on se sent entraîné par son texte et ses mots.
Le rêve n'est jamais loin et les sentiments sont toujours purs, d'une pureté extrême comme celle d'un petit enfant.
Le vagabond est libre, totalement à l'écart de tous les liens matériels qui nous enchaînent; il ne les comprend pas; il les traverse et laisse derrière lui cet indéfinissable parfum des êtres que l'on croise un instant et dont on se souvient toute sa vie.
Tout, dans Tagore est dans l'art d'utiliser les mots et de nous offrir des descriptions des sentiments à travers des actes minimalistes.
La vie coule comme le fleuve et comme les gouttes de pluie;

C'est beau et cela se relit à l'infini; mieux qu'un cachet d'aspirine, une entrée dans un monde bleuté et silencieux.

Magnifique

Alfred - - 75 ans - 27 novembre 2007