Chapeau bas Madame Salvayre!!!
Un monologue qui parvient à mettre en scène au moins cinq personnages principaux, au moins deux seconds rôles morts mais des plus importants, trois seconds rôles moins importants, et de nombreux figurants, c'est ce que parvient à faire ce « La puissance des mouches » de Lydie salvayre.
A la façon dont s'exprime le principal protagoniste de cette affaire, on sait qu'il répond aux questions du juge, de l'avocat, du psychiatre, et de monsieur Jean (infirmier, ou gardien, on ne sait pas vraiment et peu importe), tout comme l'assassin qui ne porte pas de nom, et ça c'est très important.
Extrait :
«... Le moment fort de ma visite guidée est, sans conteste, celui où je me plante devant la ceinture à clous de Pascal. Je prends un air recueilli. J'exige le silence. Je ne souffre pas de plaisanterie. Ni le moindre ricanement. Un peu de respect, leur dis-je, vous n'êtes pas devant un film porno.
Mais, d'ordinaire, ces mises en garde sont inutiles, monsieur le juge. Tous les visiteurs sont fascinés par la ceinture à clous de Pascal. Tous les visiteurs de toutes les races et de toutes les religions sont toujours fascinés par la ceinture à clous de Pascal. Comme ils sont toujours fascinés par les objets du vice et les appareillages sexuels de toutes sortes venus de l'étranger.
Il suffit de regarder le masque mortuaire de Pascal, leur dis-je, et je me tourne alors vers le masque mortuaire de Pascal qui est à droite de la ceinture, il suffit d'observer longuement son sourire, cette ombre de sourire qu'il adresse à la mort, pour comprendre immédiatement que ce sourire de souffrant a l'éclat du triomphe.... »
On retrouve cet art de la répétition chez l'autrice...
Pas étonnant qu'il y aient eu deux mises en scène de cette puissante « La puissance des mouches », en 2005.
Pour ma part, j'en suis à ma deuxième lecture à voix haute, et toujours autant de plaisir qu'à la découverte de texte.
Henri Cachia - LILLE - 63 ans - 21 juillet 2018 |