Hauteville House, tome 1 : Zelda
de Fred Duval (Scénario), Thierry Gioux (Dessin)

critiqué par Shelton, le 18 novembre 2007
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
SF, historique, fantastique... On y perd son Mexique...
Il y a des séries qui surprennent totalement, qui laissent pantois car on n’aurait jamais pu imaginer qu’elles prennent naissance, qu’elles se développent, qu’elles arrivent jusqu’à nous… Pourquoi suis-je si catégorique ? Tout simplement parce que la série Hauteville House nous parle, certes d’une façon originale, de la campagne française au Mexique sous Napoléon III… Est-ce vraiment un sujet d’actualité ? Un thème porteur ? Non, ce serait bien exagéré d’affirmer de telles choses, d’autant plus que l’histoire n’est pas racontée sur le mode réaliste, plutôt sur un mode science-fiction, décalé puisque tout commence en 1864… Alors pourquoi tenter une telle expérience ? Surprendre le lecteur ? Faire plaisir aux auteurs ? Ou petit plaisir de l’éditeur qui voit en Hauteville le nom de la rue où il est installé dans Paris ? Il y a peut-être de tout cela dans cette histoire, mais il y a, de toute évidence et avant toute chose, un concentré de qualité, de talents, d’aventures et c’est ce que j’ai retenu et qui m’a convaincu de vous présenter cette série, Hauteville House, et ce premier album, Zelda…
Tout commence du côté du Yucatan, côte est du Mexique. Les forces françaises sont sur le point de connaître une attaque en règle. Des éléments ont déjà du subir des destructions presque totales, comme dans l’hacienda de Camerone. Mais, ce qui compte le plus c’est de tenir encore un peu pour permettre à un navire, probablement le Clovis, d’appareiller avec une cargaison mystérieuse… D’ailleurs sur la côte tout est mystérieux et surprenant pour le lecteur. Les forces françaises sont équipées de matériels très sophistiqués : des chars, des dirigeables, des armes de destruction massive (enfin, là, j’exagère probablement un peu…).
Mais au milieu de tout ce brouhaha guerrier, il y a, aussi, des espions français, enfin pas des amis de l’empereur, non, plutôt des suppôts de la république, ceux qui agissent après s’être exilés à Guernesey… avec le général Duroc… Je n’oublierai pas la fameuse madame Cordier qui semble avoir un caractère de chien : « Et vous, Georges, frottez-vous les pieds vigoureusement ! Mon parquet se met à frémir rien qu’à entrevoir vos maudits godillots ! ».
Tout ce petit monde s’agite après une découverte fondamentale dont nous ne savons pas grand chose. Ce qui semble certain, c’est que le sort du monde libre est en jeu. L ‘équipe républicaine pour défendre la liberté, les soldats de l’Empire pour défendre ce qui ressemble à une dictature, et, entre les deux, des êtres qui peuvent, parfois, opter pour la défense intégrale de leurs intérêts… Décidément, on est en pleine aventure, au cœur de ce que la bande dessinée fait depuis si longtemps avec tant de talent, le récit de l’histoire de fiction pure mais qui devient très réaliste au fur et à mesure… Qui met en danger la liberté publique ? L’empereur ? Ou… D’ailleurs, en fin d’album, nous allons découvrir une partie de ce secret…
Oui tout cela est très fin mais d’une grande qualité et on peut lire cette bande dessinée à tellement de niveaux différents que tous les lecteurs pourraient bien s’y retrouver… Science Fiction, Histoire, Amour, Fantastique, Policier, tout y est… alors, ne boudons pas notre plaisir…
La narration graphique alterne entre le très classique, par exemple lors des discussions dans la salle des opérations à Guernesey, et le très moderne quand Gavroche et Eglantine discutent dans le jardin face à la Manche… Le scénario de Fred Duval est très bien ficelé, le dessin de Thierry Gioux est impeccable et le tout transporte le lecteur au nirvana des lecteurs de bédés…
Une belle série à commencer avec cet album Zelda… Zelda ? Mais qui c’est celle-la ? Vous le découvrirez bien car on annonce que Gavroche devra travailler avec elle…