Lorsque Ephraïm Paradies, jeune médecin juif du 17e siècle, accepte de soigner Abigaïl Lopez da Costa, fille d’un riche négociant d’art, atteinte d’une mystérieuse maladie, il n’imagine pas qu’il met le doigt dans l’engrenage d’un amour infernal, celui d’une passion destructrice qui sera celle que la malade éprouvera pour son médecin, au point d’en perdre toute raison.
Un récit qui s’imbrique dans une autre histoire, se déroulant à Paris dans les années 1980, celle de Rebecca Lopez da Costa, lointaine descendante de Abigaïl et de Leo Gualtieri, écrivain italien pas vraiment abouti, qui va vivre aux crochets de Rebecca avant de s’enfuir comme un lâche, voleur de surcroît.
Mise en abîme de deux récits, confrontation de deux destructions psychologiques dues à une passion dévorante pour un homme qui ne comprend pas ou beaucoup trop tard.
Avec en toile de fond la présence de Rembrandt, auteur du tableau "La Mariée Juive" (1665, visible au Rijksmuseum à Amsterdam), qui représenterait Abigaïl et Ephraïm selon la petite histoire.
Alternant récits du passé, l’époque de Rembrandt van Rijn, et la période 1987-2003 dans un Paris grouillant de vie, Luigi Guarnieri à qui on doit "La double vie de Vermeer" décrypte le phénomène de l’irréversible destruction psychologique. Qu’elle se nomme Rebecca ou Abigaïl, son héroïne se laisse littéralement mourir d’amour, femme incomprise des autres et de cette société qui ne lui accorde pas la place qu’elle souhaite. Abigaïl est naturaliste, Rebecca doctorante en Histoire en de l’Art. Chacune aime un homme qui ressent de la tendresse pour elle mais ne peut répondre aux attentes démesurées.
Deux histoires d’amour qui s’entremêlent au fil des pages dans un roman en forme de miroir, avec de tels échos entre les deux que peu à peu les destins se répondent et finissent, par se croiser, d’une certaine manière.
Le tout est mené d’habile manière, dans un style élégant. Ecriture poétique et simple à la fois, rythme agréable, ce fut un bon moment de lecture, empreint d’une grande sensibilité à l’égard du personnage de Rembrandt, décrit sans concession mais avec beaucoup de respect.
Sahkti - Genève - 51 ans - 2 décembre 2008 |