Albert Camus et les Algériens: Noces ou divorce
de Jean-Pierre Ryf

critiqué par Jpry, le 27 octobre 2007
(Pau - 80 ans)


La note:  étoiles
Une utopie?
Une étude particulière De Camus concernant la façon dont il a été perçu par les Algériens. Ces derniers lui reprochent, encore aujourd'hui, de ne pas avoir été partisan de l'indépendance de leur pays.
Il est vrai que Camus, tout en condamnant, à une époque, ou il était bien seul le colonialisme, a toujours défendu une solution qui permettrait aux deux peuples algériens et français de cohabiter. C'était sans doute une utopie.
C'était une utopie ! 5 étoiles

Elle était pourtant compréhensible ! En effet, Camus était amoureux de la terre de sa naissance, de son enfance, de son adolescence, de la mer, du soleil et de bien d'autres choses encore. Toute sa vie, même à Paris où il se sentira mal sous les cieux gris, il restera d'abord un fils du soleil. Mais il n'en était pas moins Français pour autant !

Son rêve ? Réconcilier ses deux pays... Mais cela n'était pas possible !

Trop d'années de spoliations et d'oppression de la population locale par les Français rendaient les choses irréversibles. Le souffle de l'indépendance soufflait sur le monde colonial et les Etats-Unis d'Eisenhower y étaient pour beaucoup.

En outre, l'Indochine avait permis aux indigènes (au sens premier du terme, bien sûr) de voir que l'armée française était battable.

Faire de l'Algérie une province française relevait du rêve !

Il n'est pas fréquent que Camus se soit trompé mais c'était le cas ici. Je pense que cela est dû à un véritable déchirement sentimental en lui.

Mais il restera fidèle à ses idées de base: la fin ne justifie pas les moyens et cela d'un côté comme de l'autre. Malheureusement, là non plus, les forces en présence ne lui donneront pas raison.

Dans son "Discours de Suède" il dira, lors de la remise de son Nobel:

" De quel coeur il (l'écrivain qu'il est) aussi pouvait-il recevoir cet honneur à l'heure où, en Europe, d'autres écrivains, parmi les plus grands, sont réduits au silence, et dans le temps même où sa terre natale connaît un malheur incessant."

Notons aussi, au passage, que Montherlant dans "La rose des sables" condamnait, bien avant la guerre, l'occupation par la France du Maroc. En même temps il prévoyait des jours bien plus durs pour les indigènes sous le futur pouvoir local que sous l'occupation française.

La réalité lui a, malheureusement, souvent donné raison !

Mais les volontés à l'indépendance étaient irrépressibles et normales.

Jules - Bruxelles - 79 ans - 29 octobre 2007