Le Quatrième Cavalier
de Bernard Cornwell

critiqué par Jean Meurtrier, le 22 octobre 2007
(Tilff - 49 ans)


La note:  étoiles
Enfer et nation dane
Ami lecteur, si tu comptes lire «Le dernier royaume», premier tome de la saga dont le présent ouvrage est la suite, je te suggère d’ignorer le résumé ci-dessous et de reprendre à la deuxième partie de la critique.

Au terme de son combat à Cynuit dans le Wessex où il se défit d’Ubba le Viking, Uthred décide de rentrer chez lui pour retrouver sa femme et son fils au lieu d’aller faire rapport au roi Alfred. Bien mal lui en prend car il se fait voler la vedette par Odda le jeune. Ce petit prétentieux assure avoir occis Ubba lui-même. Uthred indigné par ce mensonge interrompt une messe royale, l’épée à la main, ce qui est formellement interdit par la loi. Par cette infraction, il est tenu de se soumettre à une humiliation publique au cours de laquelle il doit ramper en robe devant le roi Alfred.
Blessé par ces affronts successifs, le cœur d’Uthred hésite entre son origine saxonne et son éducation dane. Il tient avant tout à reconquérir Bebbanburg, la forteresse familiale que son père a perdue jadis, mais manque néanmoins de finance et de guerriers pour atteindre son objectif. Uthred prend alors la mer en compagnie de Leofric, son compagnon d’arme, et de son équipage pour commettre quelque rapine dans les Cornouailles. Tels des pirates, Uthred et ses hommes attaqueront indifféremment Danes et Bretons, ces derniers constituant un peuple primitif repoussé à l’Ouest de l’Angleterre lors de l’arrivée des Saxons. Les pillages d’Uthred ne passeront cependant pas inaperçu.

Le second volet des aventures d’Uthred et de la résistance du roi Alfred face aux Vikings est conforme à ce qu’avait laissé entrevoir le premier volume. Massacres, mises à sac, combats, viols et autres cruautés y sont légions et Uthred n’en sort certainement pas plus sympathique. Comme à son habitude, Bernard Cornwell, dépeint le moyen-âge anglo-saxon sans ménagement. Ce vieux routinier du roman historique ne nous propose point de preux chevaliers ou de belles dames propres au roman courtois et ce malgré la présence d’une reine celte nommée Iseult.
Une fois encore, la seconde moitié du récit supplante la première. Victime de l’incertitude identitaire du narrateur, tantôt Uthred Ragnarson, tantôt Uthred de Bebbanburg (mais officiellement Uthred d’Oxton), le lecteur évolue un peu à l’aveugle mais ne s’ennuie pas dans cette fresque d’outre-manche. «Le quatrième cavalier» ne plonge guère dans les profondeurs de la psychologie mais offre tout de même des personnages relativement contrastés et des réflexions stratégiques intéressantes. Des atouts qui m’incitent à poursuivre l’aventure.