Peter Camenzind
de Hermann Hesse

critiqué par Sahkti, le 8 octobre 2007
(Genève - 49 ans)


La note:  étoiles
Parcours initiatique
Peter Camenzind est un jeune homme, élevé à la campagne, à la dure par un père qui croit dans la rédemption par le châtiment corporel. Sa mère meurt, son père s'endurcit. Peter s'intéresse peu aux travaux des champs et à certaines matières scolaires. Il préfère la poésie, les grands auteurs, les rêves et l'évasion littéraire. De quoi lui valoir les inimités de certains professeurs et la colère paternelle. Alors Peter s'en va, parcourir le monde. Le contraste ville-campagne le frappe, l'inspire aussi. Tout comme les drames amoureux qui vont jalonner son existence et lui offrir une souffrance qui le poussera à écrire davantage. Peu à peu, son statut d'écrivain se confirme, cumulé à un alcoolisme grandissent qui fait de Peter l'archétype de l'artiste maudit, adulé et haï à la fois par ses pairs.

Peter Camenzind, on s'en rend compte très vite, c'est Hermann Hesse qui se confie et nous parle de lui-même et de son parcours. Ce roman initiatique, teinté d'une écriture romantique et poétique, raconte les errances d'un jeune homme qui apprend petit à petit à surmonter les difficultés de la vie et à vivre de son métier d'écrivain.
Camenzind se livre dans de longues descriptions, dans de touchants monologues intérieurs. J'ai apprécié le côté réaliste de l'écriture par moments, cette façon de dire les choses sans fioritures lorsque ça ne va pas. En même temps, il y a une certaine forme de narcissisme, Peter Camenzind s'aime bien et le succès le grise un peu.
Pas de grandes leçons de vie et de philosophie clairement énoncées dans cet ouvrage initialement publié en 1904, comme c'est le cas dans d'autres ouvrages de Hermann Hesse, mais la démarche conduisant à la réflexion sur soi et sur les autres est là, apparente et palpable. L'auteur n'a qu'à s'en saisir et la mener lui-même à bon port, en suivant les traces de ce jeune homme, attachant et insupportable à la fois.
Premiers pas 6 étoiles

C'est avec ce premier roman qu'Hermann Hesse rencontre le succès. Auparavant cantonné à rédiger des poèmes qui n'ont guère d'audience (et honnêtement, je pense que la poésie de Hesse en général est beaucoup moins importante que ses récits), Hesse passe à la prose en se racontant. Car l'auto-fiction que l'on retrouve systématiquement dans la production littéraire contemporaine existait déjà il y a un siècle...Certes, nous ne sommes pas ici dans le nombrilisme contemporain mais Hermann Hesse puise largement dans son histoire pour échafauder le personnage de Peter Camenzid: ses relations avec son père, avec les femmes, ses occupations professionnelles, son cheminement intellectuel montrent une proximité incontestable de l'auteur et de son sujet.
De fait, ce roman constitue une sorte d'introspection en profondeur. Quand on sait que l'auteur souabe a été un fidèle de la nouvelle discipline psychanalytique, le lecteur n'est pas surpris de retrouver des épisodes de sa vie retranscrits au travers ce roman initiatique. Moins marquants que Le Loup des steppes ou son Jeu des perles de verre, Peter Camenzid reste néanmoins assez remarquable pour un premier roman.
Un jeune montagnard vit simplement dans son village mais il se sent différent de son environnement et aspire à faire des études: la littérature surtout lui semble être digne de considération. Il se lie d'amitié avec un autre étudiant, fait la connaissance de femmes dont il tombe amoureux, s'éprend d'un handicapé dont il devient l'ami inséparable. Il n'y a rien de spectaculaire dans ce petit roman, ni rien de vraiment nouveau... il est typique de ces romans psychologique du premier vingtième siècle mais on prend néanmoins plaisir à suivre Peter dans les premières années de sa vie d'adultes, celles qui vont conditionner et forger un esprit qui fera l'individu des années décisives.
Un roman intéressant mais loin d'être le plus significatif dans l'oeuvre d'Hermann Hesse.

Vince92 - Zürich - 46 ans - 31 octobre 2022