Un jumeau singulier
de Donald Westlake

critiqué par Tistou, le 24 septembre 2007
( - 67 ans)


La note:  étoiles
Virtuosité dans l’intrigue
Exercice de virtuose de la part de Donald Westlake avec ce « jumeau singulier ». Virtuosité qui semble finalement un apanage assez courant d’auteurs américains tels John Irving, Elmore Leonard, …
Art, plutôt catégorie « branleur nonchalant » (me fait penser au personnage de Nestor Burma), a une petite société éditrice de cartes dites « drôles » pour anniversaires ou occasions de ce genre, qui lui permet de vivoter gentiment. Il squatte chez son ami avocat, squatte tant qu’il y est la femme dudit ami, Candy, et prend la vie comme elle vient (de préférence par ses bons côtés).
Et survient dans sa vie Liz, jumelle de Betty, charmante jeune femme riche, belle et plutôt libérée (bon, c’est un roman hein ? !), qui fait partie des bons moments dont il est question plus haut. Une aventure se noue très vite entre eux. Une aventure qui va rapidement devenir compliquée puisque Art fera très vite connaissance de Betty, la soeur, qui deviendra très vite un des bons moments évoqués plus haut, sous couvert de l’identité de Bart. Qui est Bart ? Bart est le jumeau inventé de Art, voyons !
Et voilà Art embarqué dans deux liaisons concomittantes avec Liz sous le prénom de Art et Betty sous le prénom de Bart (et avec une paire de lunettes pour tout accessoire discriminant !). Tout ceci sous le même toit, unités de lieu, d’action et de temps. N’oublions pas Candy, sa nouvelle ex-maîtresse, toujours dans les parages, …
Ce pourrait être sinistre, ou grotesque. Du Feydeau ou du boulevard à la petite semaine … C’est du Westlake. C’est à dire plein d’inventivité, ne rechignant pas aux rebondissements les plus improbables, et écrit finement, avec un minimum de psychologie et beaucoup d’humour.
Je ne cherche pas à le cacher, j’aime beaucoup Donald Westlake !

« « J’ai un frère jumeau, moi aussi. » Cette phrase est tombée de nulle part. Rien que des mots pour combler un vide dans une conversation et essayer d’arranger les choses. J’ignorais absolument où cela me mènerait. Je n’échafaudais aucun plan. D’ailleurs, j’en aurais été bien incapable. Personne n’aurait pu prévoir la série d’évènements qu’allait entraîner cette remarque anodine. J’ai toujours eu du bagou. Aussi, ai-je tout bonnement lancé une phrase pour éviter la rupture que je pressentais et nous permettre de passer ensemble un moment supplémentaire. C’était un petit mensonge innocent, rien de plus.
Et il obtint le résultat escompté. Elle me considéra avec surprise. « Vraiment ? »
« Absolument. J’ai un frère, Bart. Ma copie conforme. »