Intox, tome 1 : Le quatrième pouvoir
de Gilles Chaillet (Scénario), Olivier Mangin (Dessin)

critiqué par Shelton, le 25 juillet 2007
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Machine en route ?
Gilles Chaillet est un auteur complet de la bande dessinée, un de ceux qui peuvent affirmer, privilège de l’âge, « Moi j’ai connu… »… Mais le premier qu’il a connu c’est Jacques Martin, puisque c’est grâce à lui qu’il a commencé dans la série Lefranc. Ce n’était pas ce qu’il voulait faire, car depuis son plus jeune âge il voulait faire du « Alix », dessiner des Romains, des légions entières, l’antiquité, Rome… Dans une autre vie, il a du être proche de Cicéron, César ou Sénèque… Pour les Romains, il a réussi, il y a peu, à en faire dans une série, La dernière prophétie, aux éditions Glénat. Mais avant, puisque Lefranc était trop moderne, il a créé une magnifique série qui est devenue une référence absolue pour tous les amateurs de la fin du Moyen-Age et du début de la Renaissance, Vasco. Comme il s’agit d’affaires financières et d’enquêtes policières, d’aventures et d’amour, mais aussi de voyage, on pourrait presque affirmer que Vasco est un précurseur de Largo Winch…
Mais Vasco, les Romains, Lefranc… tout cela ne suffisait pas à son bonheur d’écrivain, de dessinateur, il lui fallait une histoire plus complexe, plus solide, plus profonde, qui permettrait de toucher à notre vie contemporaine, aux dessous de ce monde que l’on ne comprend pas toujours très bien… Alors c’est en tant que scénariste qu’il s’est lancé avec un jeune, Olivier Mangin, au dessin…
Le premier album de cette série, va permettre de donner de la consistance aux personnages dont certains nous accompagneront tout au long de l’histoire (enfin, peut-être, car je ne peux pas m’engager pour ce qui se passera dans le cinquième album, seuls quatre étant en librairie actuellement). Léa Valmont est grand reporter dans une chaîne de télévision privée, MV 3000, elle connaît un succès grandissant et on la retrouve en Amérique du Sud aux côtés d’un certain Pablo dont il va nous falloir reparler très vite. Le destin de Léa montrera la starisation médiatique des journalistes et les manipulations de toutes sortes qui peuvent naître d’un tel système.
Pablo est un amérindien du Guatemala qui donne sa vie aux jeunes pauvres du pays, qui leur apprend à cultiver le maïs, à trouver un sens à leur vie, à sortir de la précarité… au besoin en n’hésitant pas à affronter les forces de l’ordre, les propriétaires fonciers… Lors d’un terrible tremblement de terre, il participe au sauvetage d’une partie de la population, passe à la télévision française… et cela donne des idées à certaines personnes pour le moins mystérieuses…
Pour les autres, un flic consciencieux et près des jeunes, un homme politique prêt à beaucoup pour améliorer sa place pourtant déjà très acceptable, un directeur de chaîne TV très à l’écoute du pouvoir, un journaliste peu agréable et qui rend dubitatif le lecteur dès la première rencontre… le tout dans une ambiance où argent, pouvoir et audimat semblent faire la fête tous les jours…
Mais, dès ce premier volet de l’histoire, le lecteur perçoit bien que quelqu’un manipule, tire les ficelles… et on n’arrive pas à savoir qui… ni pourquoi… ni comment… Belle narration graphique, assez classique au premier abord mais plus dynamique et cinématographique qu’on ne le pense… Ça fonctionne très bien !
Attention, en fin d’album, le suspense est terrible… Mais je ne vous dis rien de plus…