La vie secrète de E. Robert Pendleton
de Michael Collins

critiqué par Cuné, le 19 juillet 2007
( - 56 ans)


La note:  étoiles
Ces universitaires !...
C’est l’histoire d’un professeur raté, écrivain médiocre, être humain minable, qui rate son suicide le soir où son rival débarque à l’université pour une conférence. Alors qu’il n’est plus qu’un légume ânonnant péniblement son alphabet, la belle Adi, étudiante attardée, devenue sa garde-malade par un concours de circonstances, découvre un de ses livres publié à compte d’auteur. Par hasard, c’est une sorte de chef-d’œuvre. Avec l’aide du rival, elle le republie et le voilà devenu best-seller. Entre alors en scène un policier trouble, au lourd passé. Car le roman contient la description exacte d’un meurtre commis dans la région, avec détails inconnus de tous à la date où il a été écrit. Ce serait trop facile si le professeur Pendleton était le vrai coupable, et de jour en jour, la liste des suspects s’allonge, surtout que personne ne joue jamais franc jeu…
Un excellent roman qui joue avec tous les genres ; il faut attendre les toutes dernières pages pour avoir la clef, et si on s’amuse beaucoup avec des passages très moqueurs, on se prend aussi de plus en plus à éprouver beaucoup de compassion. Nos personnages sont tous attendrissants. Il faut s’accrocher un peu, on est ici dans un registre sans facilité, mais ça en vaut la peine.
Excellent! 9 étoiles

Voici un excellent roman, avec un pitch accrocheur comme on en fait peu, une écriture maitrisée, du suspens, une enquête.. Tout quoi!

La critique du milieu universitaire qui suinte tout le long du récit est un peu sévère, mais très drôle et souvent juste, à l'image d'un David Lodge.

Quant à l'enquête, déjà décrite par les autres critiqueurs, c'est un régal!

Soldatdeplomb4 - Nancy - 34 ans - 16 février 2010


Un auteur exceptionnel... 9 étoiles

En découvrant Michael Collins nous nous retrouvons bien éloignés des Harlan Coben et compagnie mais pas si loin de Dennis Lehane, même si plus intellectuel que cartésien que ne l'est ce dernier...
J'aime le polar, le suspense, le thriller, le roman-policier, bref, peu importe l'appellation de ce genre littéraire, je suis une fan finie, même si j'aime aussi beaucoup d'autres genres de lecture!
Voilà pourquoi j'ai toujours beaucoup de plaisir à découvrir un nouvel auteur du genre; en principe, le crime en question et sa solution peuvent en général se résumer sur une page ou deux!
Réussir à remplir trois cents, quatre cents pages et souvent plus autour de cette simple équation tout en réussissant à fasciner, à impressionner, à captiver, à émouvoir, telle est l'essence d'un auteur de polars talentueux.
Certains concoctent une formule gagnante et l'exploitent à l'infini, d'autres, exceptionnels ceux-là, épatent par leur intelligence, leur érudition, leur humour, par leur très grand talent et Michael Collins est un de ceux-là...
J'ai beaucoup apprécié; après avoir courageusement persisté malgré des premières pages qui m'ont semblé remplies d'une forme de délire intellectuel qui habituellement me répugne d'emblée, j'ai découvert comme le dit si bien Bluewitch, un auteur avec un art des plus aiguisé pour dresser un tableau profond, minutieusement pensé et réaliste, malgré un contexte et des personnages des plus sombres.
Je vais suivre le conseil de Jules et lire d'autres ouvrages de cet auteur qui m'a procuré déjà, un très grand plaisir de lecture!

FranBlan - Montréal, Québec - 81 ans - 12 janvier 2010


J'ai bien aimé 8 étoiles

Oui, j'ai bien aimé ce livre, comme tous les autres Michael Collins mais j'ai préféré les autres titres.

Ce milieu des universitaires est tellement différent de ce qu'il a l'habitude d'analyser. Oui ses personnages sont très bien étudiés et même crédibles. Ils ont tous raté quelque chose, même celui qui "a réussit" et son succès n'y change rien.

Ici ce sont les personnages qui s'analysent et je préfère le Michael Collins qui va chercher dans tous les coins. Que ce soit pour la société américaine tout entière ou pour ses personnages.

Ne pas oublier "Les âmes perdues" et "Les profanateurs"

Jules - Bruxelles - 79 ans - 6 octobre 2007


Quand il est difficile de bien rater et de mal réussir... 9 étoiles

Avec Michael Collins, on sait qu’il ne faut jamais s’attendre à de la littérature divertissante, légère et sautillante, d’un roman d’été à la ponctuation souriante.
Non, Michael Collins va là où les âmes se morfondent, là où les esprits prennent un chemin tortueux et jamais tracé dans la ligne qu’ils auraient espérée. Il dessine au trait brut des personnages troubles, toujours enclins à rater quelque chose, et souvent leur vie.
Plaçant de manière récurrente ses histoires dans les années quatre-vingt, il dresse ici une scène finalement banale d’emblée : E. Robert Pendleton, professeur à l’université de Bannockburn a lui aussi raté quelque chose : sa carrière d’écrivain.
Culpabilité, ambition, hypocrisies, manipulations… Personnages en remise en question, identités floues, bousculées, l’atmosphère est sombre, les âmes sont grises. Même celle du policier mis sur l’enquête, fuyant ses souvenirs et sa vie familiale, poursuivi lui aussi par ses échecs personnels et ses obsessions.
Pas de légèreté mais un art des plus aiguisés pour dresser un tableau profond, minutieusement pensé et réaliste. Collins est un auteur fascinant, même s’il nous emmène dans des recoins sombres, même s’il nous fait voir le noir tant et si bien que le blanc finirait presque par nous faire cligner des yeux.
Plus accessible que « La filière émeraude » ou « Les gardiens de la vérité », « La vie secrète de E. Robert Pendleton » est néanmoins un roman dense, extrêmement bien construit, avec une intelligence qui force l’admiration. De la grande qualité littéraire…

Bluewitch - Charleroi - 44 ans - 28 septembre 2007