Le rappel à l'ordre
de Daniel Lindenberg

critiqué par Bolcho, le 14 juin 2007
(Bruxelles - 75 ans)


La note:  étoiles
Les « mythes qui renaissent de la putréfaction des idéaux » : Paul Valéry
Daniel Lindenberg nous fait en quelque sorte une lecture des penseurs de droite actuels, ce qui l’entraîne par exemple à nous citer abondement des gens comme Houellebecq et Dantec en littérature. Voilà qui devrait éveiller l’intérêt des lecteurs que vous êtes.

Il nous décrit des nouveaux réactionnaires qui font des procès. Procès de la culture de masse, du tourisme de masse, de l’école pour tous qui-n’est-plus-l’école-de-l’excellence. Bref, les jouissances de l’esprit ne sont pas accessibles aux « Bouvard et Pécuchet » que nous sommes.
Procès de la liberté des mœurs et de Mai 68, et aussi du « pédagogisme » qui aurait « miné l’école républicaine ». Procès bien sûr des intellectuels, du « droit-de-l’hommisme », de la société métissée, de l’islam, de l’égalité…

Selon l’auteur, la « fin du communisme » aurait laissé des traces surprenantes : « A vrai dire, ce qui reste de léninisme dans l’inconscient collectif d’une bonne partie de l’intelligentsia, qui cimente clans, ligues, factions, micro-appareils de pouvoir, sans oublier le goût du secret et des complots, alimente le mépris de l’égalité et la conviction que seules les minorités agissantes font l’histoire ».
C’est lui qui parle, pas moi, mais je m’interroge quand même…

Le troisième et dernier chapitre commente l’état actuel de la démocratie.
« Il y a une vraie difficulté à ‘définir’ la démocratie, à une époque où tous s’en réclament ».
Certains la critiquent de l’intérieur, en regrettant ses imperfections et en montrant du doigt l’individu ou les communautés, les minorités ethniques, religieuses ou sexuelles.
« On n’en a jamais fini non plus avec la thèse du ‘cens caché’, qui dénonce les inégalités réelles dissimulées derrière la ‘fiction’ du suffrage universel ». La souveraineté populaire ne serait plus qu’un mot.
D’autres veulent la saper.
Ils veulent légitimer une asymétrie radicale, « la dictature de l’avant-garde qui sait » (idée d’un gouvernement des savants). Car si la vérité est une, peu y ont accès ». Cela « conforte toutes les tyrannies, pourvu qu’elles soient ‘éclairées’ » (« Le socialisme – tyrannie extrême des médiocres et des sots, c’est-à-dire des esprits superficiels, des jaloux, etc », Nietzsche, 1885).

On dit qu’il manquerait à la démocratie un fondement qui la dépasse, un grand dessein ; elle pourrait « mener à l’ ‘ère du vide’, à la ‘fatigue d’être soi’ et donc au besoin de retrouver de nouvelles appartenances, fussent-elles illusoires.

« La nouvelle pensée réactionnaire existe (…) Cette idéologie montante trouvera-t-elle un débouché politique ? Certains indices sont déjà là pour en faire raisonnablement l’hypothèse. »
« La conjonction entre l’offensive des droites religieuses aux Etats-Unis (…) et celle des populismes européens représente en tout cas, pour la droite libérale comme pour la gauche égalitaire, le défi à relever en ce début de XXIe siècle. »