Happy Birthday Sara
de Yann Queffélec

critiqué par Tistou, le 11 mai 2007
( - 67 ans)


La note:  étoiles
Drame en mer Baltique
Il semblerait qu’avec “Happy birthday Sara”, Yann Queffelec ait voulu traiter sous l’angle d’une fiction, vraisemblable, du drame réel que fût le naufrage du paquebot “Estonia” qui sombra la nuit du 28 septembre 1994 en Baltique.
Sara va avoir 18 ans. Ce soir. Deux soirées d’anniversaire l’attendent ce soir. L’officielle avec ses parents, et la “off” avec Magnus, son ami avec qui elle voulait vivre. Mais les choses ne sont jamais simples. Dans les romans non plus. Dans les romans surtout !
Sara intériorise un drame. Elle a vu son père, Oleg Lohanson, sombrer dans l’alcool suite à sa dégradation de ses galons de capitaine du ferry-boat “l’Estonia”, ferry-boat qui fait le trajet Stockholm-Tallin (en Estonie). Son père qui fut dégradé à l’issue d’un jugement devant les tribunaux, au cours duquel il refusa de justifier clairement ce qui l’avait amené à faire demi-tour un beau soir de traversée, dans des conditions certes difficiles mais qui ne furent pas jugées déterminantes. Son père dans l’indignité, sa mère dans l’incompréhension et la douleur, et Magnus, son ami, qui soupçonne une faute inavouable de son père.
C’est plus qu’elle ne peut en supporter et ce soir de ses 18 ans, elle se débrouille pour se faire embarquer à bord de l’Estonia afin de mener l’enquête et de blanchir son père.
Le roman commence ainsi, moderato, histoire trompeusement gentille. Car en huit heures de temps, Sara accèdera au sens propre comme au sens figuré au statut de femme. Et plus les heures avanceront et moins l’histoire sera gentillette, pour finir carrément dans la tempête (au sens propre comme au sens figuré).
On ne reconnait pas trop au départ le Yann Queffelec des “Noces barbares” dans cette histoire apparemment gentille. Et puis le drame pointe le bout de son nez, et puis le style de Queffelec aussi. Riche, heurté, qui ne laisse pas lire “en automatique”, qui surprend et plait par ses trouvailles.
Au bilan une histoire sérieuse dont la motivation me laisse un peu perplexe : réhabilitation d’Arvo Andresson, le vrai capitaine du vrai “Estonia” ? On est assez loin quand même de l’incandescence des “Noces barbares”.