Découvrir Notre-Dame de Chartres : Guide complet de la cathédrale
de André Trintignac

critiqué par Saule, le 29 avril 2007
(Bruxelles - 58 ans)


La note:  étoiles
Le sommet de l'art occidental
Il y a quelque chose d'intimidant pour l'amateur qui va pénétrer dans Notre-Dame de Chartres pour la première fois. C'est pourquoi on hésite et on l'observe d'abords de l'extérieur longuement avant de se décider. Ce qui étonne en entrant c'est la pénombre, c'est parce que Chartres est une des seules cathédrales a avoir préservé tout ses vitraux des aléas de l'histoire. Une fois entré je reste toujours dans le fond de la nef pendant au moins 10 minutes, pour m'habituer à la pénombre, et pour "apprivoiser" la cathédrale et trouver mes marques. Le regard part vers le choeur, puis vers le haut et l'incroyable élévation de la voûte (près de 40 mètres mais la cathédrale paraît moins élevée car elle est très large). Ces cathédrales gothiques ont un effet très étonnant, elles étaient faites pour élever notre esprit et en effet, du fond de la nef, on est assailli par une palette d'émotions indéfinissables.

Après la prise de contact, il faut prendre le temps de la découvrir plus en détail. Les vitraux, qui font la célébrité de l'édifice (le fameux bleu de Chartres), pour les pèlerins il y a le voile de la Vierge, c'est la chemise que portait Marie lors de l'annonciation et qui était vénérée à l'époque. Dans le déambulatoire il y a un cycle de statues représentant la vie de Marie, c'est très intéressant car on voit l'évolution de la sculpture du gothique tardif jusqu'au baroque puis la renaissance et le maniérisme italien. Visiter la cathédrale, c'est suivre un cours d'histoire de l'art : à l'extérieur, les statues montrent l'évolution du roman au gothique. Ainsi les raideurs et la naïveté du roman font place à des plis voire même un bouillonnement dans les drapés et certains visages laissent poindre un début de sourire (qu'on verra fleurir sur le visage de l'ange de Reims, sommet de la sculpture gothique). Les expressions de certaines statues sont étonnantes, elles semblent vivantes, on passe des heures à les admirer. Il faut prendre le temps d'admirer et de comprendre chaque composition iconographique, c'est toute l'histoire de l'Ancien Testament et du Nouveau qui se joue sur les trois façades, et c'est évidemment un merveilleux cours d'exégèse biblique.

La cathédrale est relativement calme, elle est tellement grande que malgré les touristes et les groupes on peut s'y recueillir. On nous épargne la musique de fond. Il faut assister à un office, qui se célèbre dans le choeur, c'est quelque chose de très spécial. J'avais pris deux jours pour visiter la cathédrale, c'est ce qu'il faut pour une première découverte et ça permet d'en profiter sans être pris par le temps. J'en ressors avec plein d'images en tête et l'envie de revenir lui rendre visite. Pourquoi pas à vélo, car la cathédrale est située dans une région excessivement plate, la Beauce, et le pèlerin voit les flèches de la cathédrale à 17 km de distance !

Je n'ai pas parlé des vitraux, des dimensions exceptionnelles, de la flèche de la tour Nord, il faut que vous alliez vous rendre compte sur place ! Et dans ce cas ce livre est vraiment à conseiller : il fait office de guide mais va bien plus loin en fournissant une masse d'information historiques et théologiques (les scènes de l'AT sont résumées), sans oublier de nombreux plans, une explication du symbolisme des chiffres et des formes, du labyrinthe et une description des innombrables verrières. C'est donc bien plus qu'un guide, c'est un livre qu'on relira avec plaisir à chaque nouvelle visite.