Le peintre de batailles de Arturo Pérez-Reverte

Le peintre de batailles de Arturo Pérez-Reverte
( El pintor de batallas)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Jules, le 3 mars 2007 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 79 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (27 308ème position).
Visites : 7 205  (depuis Novembre 2007)

A mes yeux un très bon livre

Ce roman m’a véritablement passionné, même si, indiscutablement, il y a quelques longueurs.

Le maître de batailles est un photographe de presse spécialisé dans la guerre et notre siècle ne manque pas de lui offrir les possibilités de spectacles dont il a besoin. Au Liban, dans l’ancienne Yougoslavie, dans divers pays africains etc. Au passage, Faulques fera la connaissance d’une superbe jeune femme blonde, Olvido Ferrara, au corps sculptural et à la culture picturale des plus vastes, comme lui d’ailleurs.

Faulques cherche, au travers de la photo, à exprimer l’âme de l’homme s’exprimant dans la guerre et dans toutes ses horreurs. La froideur technique de son regard au travers de l’objectif et de ses réglages à faire peut saisir et choquer au début. Olvido, elle, ne s’intéresse pas aux humains au travers de son objectif mais bien aux objets personnels laissés pour compte par les démolitions provoquées par la guerre

Olvido a été tuée sur un chemin de Bosnie et Faulques se réfugie dans un vieux fort du bord de mer. Il se lance alors dans la création d’une vaste fresque guerrière qui lui vaut son surnom de maître de batailles. Il va découvrir que la peinture lui permet bien plus de s’approcher de son but ultime que ne le faisait la photo. Ses grands maîtres seront Goya, Uccello et Pietro della Francesca. De Picasso et de Guernica il dit simplement que Picasso n’a jamais connu la guerre.

Voilà que surgit dans sa vie un Croate qu’il a photographié à l’époque de la chute de Vukovar. Cette photo a coûté horriblement cher à cet homme aussi celui-ci le poursuit depuis une bonne dizaine d’année dans le but de le tuer.

Vont alors se poser la question de la responsabilité du photographe et de la photo elle-même sur les événements.

Perez - Reverte écrit magnifiquement bien et le sujet abordé permet de très nombreuses réflexions d’une assez grande profondeur quant à l’homme, la guerre, la torture, les horreurs, mais sur l’art également.

Indiscutablement un livre à lire. C’était mon premier Perez - Reverte et je suis allé voir les autres critiques existantes sur les livres de cet auteur. J’en lirai d’autres, comme « Le tableau du maître flamand » et « Le soleil de Breda » !...

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pas vraiment

4 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 22 septembre 2011

Autant le dire tout de suite je n'ai pas "accroché" du tout à ce livre. J'ai peu apprécié ces longueurs de texte, ce luxe de détails dont je n'arrive pas à trouver la place littéraire (exemple une demie page détaillant le calibrage d'une photo avec son numéro de lentille... la marque de l'appareil photo... etc).
J'ai trouvé l'histoire terne... elle n'a d'ailleurs pour but que d'injecter de longs paragraphes "détaillant l'horreur en détail".
Même la fin me laisse perplexe... mais peut-être étais-je pressé d'en finir.

Sacré bouquin !

9 étoiles

Critique de Garance62 (, Inscrite le 22 mars 2009, 61 ans) - 26 juin 2010

En vrac : le hasard, le destin, la folie meurtrière, l'amour, le jeu de la vie et de la mort, la guerre, la photographie, la peinture...

Jules l'a très bien résumé quant au fond. La flemme de le refaire avec des mots différents...

Alors je personnalise.
Ce que j'en ai retenu de plus fort, c'est ce plaidoyer magistral contre la barbarie humaine.
Comment dire l'indicible d'une guerre, de toutes les guerres ? Pourquoi la dire ? Comment l'inscrire ? En laisser une trace ? La photographie ? La peinture ?

Faulques, reporter-photographe de guerre, décide, après la mort de sa compagne fauchée par une mine, de ranger ses appareils photos. Qu'a t-il dit qu'il y avait à dire ? Qu'a t-il laissé comme marques qui pouvaient témoigner ? Sans le savoir vraiment, il cherche. C'est dans la peinture, une immense fresque qu'il peint sur les murs -fissurés par endroits- d'une tour en haut d'une falaise méditerranéenne, seul, isolé, qu'il tente, qu'il cherche, qu'il tâtonne.
Les couleurs, les formes, les lignes, les courbes, les croisements de toutes sortes, il essaie, continue, reprend, regarde, encore et encore.

C'est son meurtrier, celui dont une de ses photos a bousillé la vie, qui va le pousser à trouver sa vérité, la vérité, celle qui va être le révélateur, un peu comme le liquide qui permet à la photo d'exister.

La guerre, c'est l'homme qu'elle détruit. Celui devant la photo et celui derrière.

Perez-Reverte peint aussi. Il peint avec des mots une architecture du destin à travers ces deux rencontres, celle du peintre et de son meurtrier et celle du photographe avec Olvido, son amour :
« Nous sommes les produits(...) des règles invisibles qui déterminent les hasards : depuis la symétrie de l'univers jusqu'au moment où l'on traverse la salle d'un musée. ».

Un sacré bouquin vraiment !

Réflexion philosophique subtile.... mais rythme trop lent !

7 étoiles

Critique de Allegra (Huy, Inscrite le 4 décembre 2006, 52 ans) - 11 avril 2007

Dans une ancienne tour de guet, sur les bords de la Méditerranée, Faulques, un ancien photographe de guerre, compose une grande fresque circulaire et tente de restituer ce que ni son œil ni son appareil n'ont jamais pu saisir : le paysage intemporel d'une bataille, « un panorama mural qui déploierait, sous les yeux d’un observateur attentif, les règles implacables qui sous-tendent la guerre – le chaos apparent – comprise comme simple miroir de la vie ». Au bout de ses pinceaux l’accompagne l’ombre d’une femme, Olvido (Oubli), morte dix ans auparavant

Jusqu'au jour où surgit Ivo Markovic, un Croate qui a survécu à la guerre en Bosnie et dont la photo prise par Faulques a fait le tour du monde. Markovic est venu exiger le paiement d'une dette. Entre ces deux personnages, l'un témoin, l'autre victime de l'horreur humaine, se noue alors un drame qui pose la question de la responsabilité. Quelle part ont-ils prise à l'engrenage infernal du désordre du monde ?


Ce livre, c’est d’abord une réflexion s'appuyant sur la théorie du chaos et le célèbre "effet papillon". Toute action humaine, si minime soit-elle, participe à l'ordre inexorable d'un monde.

C'est un voyage au coeur des techniques : techniques photographiques, techniques de peinture, techniques de guerre, techniques de survie.

C'est aussi un questionnement dérangeant sur la société actuelle, inondée, submergée d'images qui permettent à chacun de compatir et, par un effet pervers, de se déculpabiliser, de se détacher.

C'est aussi une interrogation toute particulière sur le métier de photographe de guerre, sur l'impartialité, la neutralité obligatoire pour l'exercer correctement, et la part d'humanité qui est perdue avec.

Les plus : Le livre est truffé de symboles très beaux, bien choisis. La réflexion philosophique et le questionnement qu’il propose sont pertinents, riches. Arturo Perez-Reverte a été photographe de guerre, il y a de nombreux passages autobiographiques. Cela donne beaucoup de poids au livre. Le texte est beau, bien écrit.

Les moins : C’est lent, très lent (trop lent pour moi). Il faut une solide culture en art pour ne rien perdre de ses descriptions, voire de ses énumérations de tableaux des grands peintres qui ont décrit la guerre depuis l’antiquité. Au milieu du livre, il y a une grosse « stagnation », le récit s’embourbe.

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