Le dernier royaume
de Bernard Cornwell

critiqué par Jean Meurtrier, le 26 février 2007
(Tilff - 49 ans)


La note:  étoiles
Damnés Danes
Nous sommes en l’an de grâce 866. La Northumbrie, un des sept royaumes issus des tribus jutes, angles et saxonnes, voit arriver des bateaux vikings sur ses côtes. Cette fois-ci, il ne s’agit plus simplement de mise à sac, mais bien d’une véritable invasion. Eoferwic (qui deviendra Jorwik puis York par contractions successives) sera la première ville à tomber. Dans cette bataille, le jeune Uthred, 10 ans, perd son père, ealdorman (comprenez seigneur) de Bebbanburg. Mais l’effronterie de ce petit guerrier orphelin plaît à Ragnar, jarl (comprenez seigneur aussi) dane qui le prend sous son aile. C’est donc avec les ennemis païens de son peuple d’origine qu’Uthred va passer son adolescence, témoin privilégié de l’invasion de la Northumbrie et de la Mercie par les vikings. Il est alors convaincu que les sanguinaires Danes et leurs dieux nordiques sont largement supérieurs aux lâches anglo-saxons chrétiens. Puis survient le premier revers dane et les premiers doutes dans l’esprit du jeune Uthred. Mais il n’est pour l’instant pas question de quitter Ragnar qu’il considère comme son père. Néanmoins un évènement important va l’amener à se rapprocher d’Alfred, pieux roi du Wessex et dernier rempart face aux Danes.
L’écriture est classique et sait rester sobre dans les grandes scènes de combat. De manière générale, ce roman historique n’en fait jamais de trop. Le ton est neutre, les deux peuples ennemis ont des spécificités qui ne les rendent ni vraiment sympathiques, ni complètement détestables. Les vikings sont simples, spontanés mais terriblement cruels, alors que les anglo-saxons sont plutôt ennuyeux, freinés par une religion étouffante qui leur apporte cependant un peu de culture.
L’auteur manifestement très bien documenté nous décrit avec nombre de détails une première partie du moyen-âge qui n’est que récession. La civilisation romaine retirée passe pour un paradis perdu. Les forteresses ne sont souvent que des édifices antiques chichement entretenus. Nous sommes encore loin des châteaux forts et des cathédrales. Les nouveaux bâtiments ou annexes ne sont alors constitués que de bois et de chaume.
La première partie de ce récit m’a semblé assez monotone bien qu’historiquement intéressante, même si le moins que l’on puisse dire est que ça ne vole jamais très haut à cette époque. Je me suis tout de même amusé à faire les liens entre les noms anciens et actuels des villes d’Angleterre. Par la suite, l’aventure d’Uthred prend une tournure plus enthousiasmante. De quoi envisager la suite de cette saga consacrée au roi Alfred (personnage secondaire tant qu’à présent) dont « Le quatrième cavalier » fraîchement paru représente le deuxième tome.