L'oeil du criquet
de James Sallis

critiqué par Sahkti, le 6 février 2007
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Déambulations diverses et variées
Lew Griffin est détective, enseigne Joyce et écrit à ses heures perdues. Il a perdu son fils et fréquente l'alcool et la nuit noire de la Nouvelle-Orléans. En touchant le fond, Griffin pourrait rebondir et apprivoiser des fantômes qui ne cessent de hanter son existence. Descendre oui, mais jusqu'où? Surtout sans garantie de pouvoir un jour remonter...
James Sallis développe une écriture sombre, noire et saccadée, offrant de nombreux passages très narratifs succédant à des silences et des ellipses. Un brin chaotique, à l'image de ce passé qui n'a de cesse de hanter son héros. Lew Griffin est un être étrange, qui dispose d'une étonnante faculté à revenir de nulle part et affronter ses démons. Il se dégage une grande force de ce personnage, que James Sallis exploite avec brio. Ce qui n'était pas simple, sombrer dans le misérabilisme aurait été si facile dans cette histoire.
Au contraire, Griffin s'en sort, mène l'enquête, écrit... tout semble aller pour le mieux lorsqu'un affrontement d'un genre nouveau vient perturber ses repères. Lew Griffin croise la route d'un autre Lew Griffin, qui affirme être lui.
James Sallis accorde beaucoup d'importance aux décors et à son personnage; cela crée une ambiance très agréable, réaliste et proche. J'ai accroché assez rapidement à ce personnage de Lew Griffin qui dispose de pas mal de courage et de persévérance. Et puis j'ai aimé le ton quelque peu décousu du récit, ces retours incessants en arrière, cette impression de se promener dans les pensées de Griffin, le côté brouillon du récit, un peu comme si Sallis l'avait écrit sans trop savoir où il allait, ce qui donne encore plus de crédibilité à la quête du personnage principal.