French Vertigo
de Peter Gumbel

critiqué par TELEMAQUE, le 5 février 2007
( - 76 ans)


La note:  étoiles
Le modèle social français est-il soluble dans le libéralisme?
Le modèle social français est-il soluble dans le libéralisme? Peter Grumbel journaliste américain correspondant en France de Time Magazine se pose la question.
De quoi qui's'mêle celui-là? Américain égale libéral, ultra-libéral même, pour qui le modèle social français, dernier avatar de l'Etat-Providence auquel l'Oncle Sam a su heureusement échapper grâce à des hommes providentiels comme Ronald Reagan, George Bush I et George (Dubbleiou) Bush II, est une survivance d'un passé révolu.
Valaient bien la peine, ces pieds tendres qu'on aille se faire trouer la peau et le drapeau à Omaha, Utah et autres beaches normandes, pour les retrouver soixante ans après aussi engoncés dans leur interventionisme étatique atavique.
Donc, pourrions-nous penser d'emblée, avec ces préjugés que nous autres pauvres français à l'étroitesse d'esprit proverbiale, béret basque vissé sur le crâne et baguette sous le bras, perpétuellement dans la rue en défilés anti-ci et anti-ça, encore un yankee donneur de leçon. Encore un pourfendeur du colbertisme et du tout-état dont nous faisons nos choux gras depuis.. Depuis qui au fait? Ah oui! Depuis Sully, rien que ça. Peut-être même depuis Louis XI, tant cette manie de l'Etat ancrée dans nos gènes semble remonter à des temps révolus.
Et bien non. Ce Grumbel (grmmbl comme on dit dans les phylactères), n'est pas un donneur de leçons. Ah bon! Ouf on respire. Mais què qui veut alors? comme aurait dit la marionnette du défunt Abbé Pierre.
Nous rendre service, le brave homme.Lafayette nous voici. Non il ne veut pas nous imposer le modèle américain, non il ne veut pas faire de la France une deuxième Russie de Eltsine, à laquelle la purge libérale a coûté en son temps:
1 la disparition complète d'un appareil industriel et administratif, lourd et désuet certes mais qui avait le mérite d'exister pour de vrai, d'être la propriété de tous les citoyens et d'assurer une certaine égalité (par le bas, admettons).
2 la paupérisation brutale de la plus grande partie de la population de la Russie et de ses Républiques fédérées, avec le cortège inévitable des calamités qui accompagnent les conseils usuels du FMI, de la Banque Mondiale et autres conseilleurs pas payeurs qui ont fait depuis Bretton Wood les délices des pays en voie de développement.
3 un bond en arrière de cinquante ans de l'espérance de vie de la dite population (celle du bas, ceux du haut ayant choisi l'exil sur la Côte d'Azur).

Non, ce brave homme, connait trop bien l'attachement des français, bien qu'ils passent la moitié de leur temps à le villipender, à l' Etat. A cet Etat protecteur, arbitre, garant d'une certaine équité, un peu collant à force de jacobinisme, pas toujours souple, mais sans lequel notre paysage mental serait un désert.Il reconnait aussi à notre service public des vertus et surtout des charmes qui font rêver les citoyens lambda des pays touchés par la grâce néo-libérale, U.S.A first Pour lui, il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain: la France est indécrotablement accrochée à son Etat interventionniste, mais celà lui confère une certaine aisance, et permet une qualité de vie que bien des habitants de pays riches nous envient.
Alors quoi, qué qui z'ont à râler tout l'temps comme aurait dit la marionnette...? Ils râlent nous dit-il, parcequ'ils ont l'impression que ça ne va pas, et en même temps ils voudraient pas devenir néo libéraux comme nous les américains pour que ça aille. Quand on leur parle de néo libéralisme, ils dégainent les banderolles, les grêves, les votes protestaires, les NON à l'Europe, OUI à Le Pen, ils mélangent tout... Et que s'ils ont l'impression que ça ne va pas, c'est que ça ne va pas. Mais ce qui ne va pas ce n'est pas le système, c'est son fonctionnement, ses rigidités, ses avantages acquis, ses dogmes auxquels on s'accroche par peur du changement. Il faudrait pas grand chose pour que la France qui râle devienne la France qui gagne. Un poil de gestion, un zeste de bon sens, un rien de consensus, et beaucoup de foi en ce génie français que nous sommes les seuls à bouder tout en le revendiquant à tout bout de champ: exception française et tout ça.
Des recettes de manager roi de la communication, du bon sens, de l'huile dans les rouages, et hop c'est r'parti pour une France qui gagne.

Ce livre n'est destiné ni aux:
- américanosceptiques, ni aux
- eurosceptiques, et encore moins aux
- gallosceptiques, Français de peu de foi dans le génie de la Nation.

Cest un peu"quand on veut, on peut, surtout vous, avec tous les atouts dont vous disposez". Qu'on se le dise: ce qui nous manque à nous autres c'est la confiance.
Allez camarades, encore un petit effort, desserez vos corsets, pétez un coup, fixez votre regard sur la ligne bleue des Vosges de la mondialisation et prenez votre envol. L'avenir radieux est devant vous, ne lui tournez pas le dos ou bien la France risquerait de finir en gigantesque parc d'attraction où les Chinois embourgeoisés par milliards viendraient contempler les derniers survivants du colbertisme.
"Il est temps de redonner son éclat à la France " rontedjieu. Rompez. On verra bien si le libéralisme est soluble dans le modèle français.