Un fils de l'Amérique
de Nelson Algren

critiqué par Heyrike, le 30 janvier 2007
(Eure - 56 ans)


La note:  étoiles
Des hommes sans conditions
La vieille cabane en bois est posée de guingois sur la terre battue, comme échouée dans cette ville située à la frontière du Mexique. Elle abrite la famille Mc Kay. Le père, Stuart, est un homme impulsif et brutal, toujours prêt à en venir aux mains. Depuis la mort de leur mère, c'est Nancy qui s'occupe tant bien que mal de ses deux frères, Bryan et Cass. Le travail se fait rare en cette fin d'année 1926.

Captivé par les récits épiques des vagabonds du rail, Cass, paré d'une naïveté sans pareil, décide de tenter sa chance. Suite à une rixe avec un proxénète, il retourne se réfugier auprès de sa sœur. Il a ressentit au plus profond de sa chair toutes les choses dont ne parlent pas les vagabonds, la peur, la soif et la faim, l'humiliation et la violence.

Dans un accès de fureur, son père tue un homme. Désormais, Cass sait qu'il n'a pas d'autre choix que de fuir définitivement la honte d'être le fils d'un assassin. Une longue errance s'ensuit. Les wagons à bestiaux le conduisent de villes en villes, où à chaque fois il connaît la misère. Au gré de ses rencontres, il s'initie à la mendicité, au cambriolage et finalement à la prison. La liberté retrouvée, il croise le chemin d'une jeune prostituée, dont il tombe éperdument amoureux. Ensemble ils organisent des braquages qui leur permettent de connaître des jours meilleurs.

Cass, le fanfaron, nous entraîne dans les ruelles glauques d'une Amérique sans rêve, confronté à une réalité dure et brutale, où tout n'est qu'éructions et vomissures. La conquête est finie depuis longtemps. Il n'y a plus de place pour ces êtres misérables rongés par une douleur lancinante qu'ils tentent d'extirper de leurs corps décharnés lors de combats illusoires, abreuvant la terre de leur sang maudit.