Les guerres du milieu
de Ipoustéguy

critiqué par Tistou, le 2 janvier 2007
( - 67 ans)


La note:  étoiles
Trois nouvelles
Ipoustéguy (Jean-Robert de son prénom) était un artiste lorrain aux multiples facettes : sculpteur, peintre et écrivain. Il est mort en 2006.
« Les guerres du milieu » sont parues en 1960 à compte d’auteur. Les Editions « La Différence » ont apparemment repris tous ses écrits, d’où ce livre.
Trois nouvelles inégales : la première présente des qualités indéniables d’originalité au niveau de l’écriture alliée à une histoire consistante. Consistante et dramatique, « Le caporal C » nous parle du type d’exactions que peuvent commettre des soldats en temps de guerre. Superbement traité, poignant et prometteur pour la suite.
« Le caporal regarda tour à tour Carcone et Lavielle.
- Alors, on se l’envoie ? dit Lavielle.
- - Oui, dit le caporal.
- Et le vieux ? s’inquiéta Carcone.
- Il n’y entrave que dalle, dit Lavielle, pas p’tit père ? et il longea la grande table de ferme en y traînant son arme, canon dirigé vers le paysan.
Le vieux souriait « ia …ia …ia … » Mais pareilles à celles des soldats les rides de son visage, tirées dans le hâle, paraissaient blanches.
Sa fille, assise contre lui, était grise, en fer. Ses mains se tenaient bien à plat sur la table.
- Une sale conasse à S.S., dit Carcone. Loulou t’as les brêmes ?
Hélas, les deux nouvelles suivantes ne tiennent pas les promesses.
« Nocturnes et points d’eau sous Eskelone », comme « Un camp prétorien ou du désir masculin », sont difficiles à suivre. Sans vraiment de fil conducteur, elles se voudraient davantage poétiques (surtout la troisième) mais ça ne fonctionne pas. Tout au moins pour moi ça n’a pas fonctionné. Il ne suffit pas d’aligner des mots, même des bea ux, pour que ça constitue un bonheur de lecture.
« Entre ces points des idéales lignes d’abeille s’établissaient sans le moindre souci de ce qui peut communément suggérer un homme étendu. Il se sentait tracé par le bonheur, épuré comme une tour métallique, une passerelle sur laquelle on galope à plaisir et cette architecture le racontait plus crûment et plus intensément que tous ses portraits, fussent-ils non officiels, pour ne citer que le dernier en date brossé par Aussacipe qui, l’ayant écartelé entre sa face et son profil, fouillé et mordu avec la serre et le bec d’un gypaète des Andes le rendit plat et dur, pareil à l’imprénétrable grand jour. »
C’était apparemment la première oeuvre écrite d’Ipoustéguy. De belles promesses …