Le jardin des Finzi-Contini
de Giorgio Bassani

critiqué par Pendragon, le 30 décembre 2006
(Liernu - 53 ans)


La note:  étoiles
Le jardin des regrets
Ce roman présente quelques similitudes avec le « Grand Meaulnes », histoire d’amours adolescentes sur fonds de non-dits, de peurs, de timidité, de fierté, d’erreurs et finalement de regrets, de beaucoup de regrets…

Dans ce roman-ci, nous sommes au nord de l’Italie, quelques années avant la guerre 40-45, deux familles de juifs italiens sont voisines quoique n’étant pas tout à fait du même milieu. Les enfants fréquentent cependant la même école et un sentiment d’amour très fort (comme le ressentent les adolescents) va naître dans le cœur du jeune garçon. L’été se passera en parties de tennis, en discussions politiques, en regards, en jalousies et en interrogations… sur la vie, sur le sens de la vie, et sur le monde de demain…

L’université arrive et tout le monde se sépare… quelques échanges par lettres, des rencontres avortées et un sentiment qui ne parvient plus à se réinstaller…

Et puis… la guerre arrive avec son lot d’horreurs, dont la déportation !

Giorgio ne reverra plus jamais Micól…

Roman que je n’ose croire véridique, mais je le crains, il nous montre une société particulière, un monde spécifique, à la veille de la guerre. Je pense qu’il m’aurait beaucoup plus impressionné à mes vingt ans qu’aujourd’hui, sans doute à cause de cette naïveté typique aux amours adolescentes que j’ai perdue.
Amour et désamours au temps de la ségrégation raciale 10 étoiles

Cette histoire d'amour contrarié par des questionnements psychologiques est aussi fine que tragique. Elle se passe dans l'Italie fasciste, à l'heure des lois ségrégationnistes à l'encontre des Juifs. La communauté juive de Ferrare, en Emilie-Romagne, se côtoie dans un cercle restreint, en sus de son intégration au sein du reste de la société. Le narrateur, jeune garçon, fréquente la très riche et respectée famille des Finzi-Contini, tombe amoureux de la fille de la maison, Micòl, et devient très ami avec son frère Alberto.
L'histoire continentale et nationale et celle plus particulière des personnages les emporte dans un tourbillon de sentiments, d'espoirs et de contrariétés. A l'âge mûr, le narrateur se souvient, empreint de la nostalgie qui remonte, à repasser devant le mur d'enceinte de la grande demeure.

Les interrogations et tourments amoureux rappellent les dialogues des films d'Eric Rohmer, tout en analyse psychologique, discussions interminables. La nature humaine y est richement décrite, malgré le peu de personnages présentés. L'intrusion du drame historique renforce la dimension de la trame narrative.
L'adaptation du livre au cinéma par Vittorio De Sica, en 1971, est un grand classique. Le livre semble un peu moins connu, ce qui est bien dommage. Il est à recommander vivement.

Veneziano - Paris - 46 ans - 6 octobre 2016