Souvenirs sur Nietzsche
de Franz Overbeck

critiqué par Kinbote, le 27 juillet 2001
(Jumet - 65 ans)


La note:  étoiles
L'homme derrière le mythe
Nietzsche est devenu un personnage mythique qui fait oublier l'être de chair et de sang qu'il a été.
Le recueil de témoignages de certains de ses contemporains s'avère salutaire comme c'est le cas avec celui de Franz Overbeck que les éditions Allia rééditent dans le cadre du deuxième volet du diptyque ayant pour titre : Lire Nietzsche (le premier, de Patrick Wotling s'intitule « La pensée du sous-sol »). On nous rappelle que Nietzsche avait le culte de l'amitié et que, s’il s'est souvent montré sévère envers ses amis, c'est parce que ceux-ci ne réciproquaient pas ses sentiments. Cette difficulté relationnelle va l'amener à s’isoler, à « carrément éviter les hommes plutôt que d’avoir à les ménager ».
« Nietzsche est l’homme auprès duquel j’ai respiré le plus librement » précise l'auteur de ce portrait. Et d'ajouter : « Il est par conséquent celui auprès duquel j'ai exercé mes poumons de la manière la plus satisfaisante qui soit pour les préparer à l’usage que j’en ai fait, dans les relations humaines qui ont marqué mon existence. » Quoi attendre de plus de la fréquentation d’une personne ! A propos de son antisémitisme supposé, Franz Overbeck déclare que Nietzsche a été un adversaire convaincu de l’antisémitisme tel qu'il en a fait l’expérience: « Il voyait en effet dans l’une des formes les plus malhonnêtes de la haine une rage de dénigrer et de détruire ».
Franz Overbeck est aussi un de ceux qui observèrent chez son ami les premiers signes de la folie qui allaient mettre un terme à son travail. Il voit le pouvoir de pénétration allié à la lucidité dont il faisait preuve un des germes de sa maladie: « Celui qui de manière exclusive mit autant d’énergie à se faire lui-même objet d’un talent critique aussi génial était nécessairement voué à la folie et à l’autodestruction. »
A lire pour retrouver l'homme derrière l'auteur d’une des oeuvres les plus prodigieuses de l’humanité.