Couple interdit
de Jacques de Saint Victor

critiqué par Alphabétix, le 11 décembre 2006
( - - ans)


La note:  étoiles
Traitement original d'un sujet éculé.
Intéressant, une lecture agréable, quelque fois enrichissante par l’intervention de plusieurs grands philosophes, mais ça tourne quand même un peu en rond.

La Lex sexualis (Loi sur la sexualité) interdit désormais la vie en couple… nous sommes en 2163, au temps du communisme sexuel. Cette loi a été votée par l’État pour mettre fin à une dangereuse pathologie qui sévissait jusqu’au début du XXIe siècle : la vie conjugale. Un abus de vie en couple se manifestait, alors, par la fuite dans le travail, la peur du week-end, l’achat compulsif de biens pour la maison, la passion pour les animaux de compagnie, le repli sur soi, la téléphagie, l’iconolâtrie populaire, la possessivité, le chantage émotif et une sexualité minimaliste. « Grâce à la Lex sexualis, les sources de souffrance ont été canalisées. On ne perd plus de temps en vaines parades de cour, en crises conjugales, en jalousie ou en mensonges ». L’État gère la vie sexuelle des gens, puisqu’il n’y est plus question d’amour.

Pour avoir publié « Petits dérapages conjugaux en l’an 2000 », une fiction déguisée en étude historique, Michael est accusé de déviationnisme conjugal. La commission chargée de l’application de la loi craint que son bouquin ne réveille la nostalgie de l’époque conjugale, du romantisme et de l’amour de ces anciens temps d’égarements; et porte ainsi atteinte à la base de leur nouvelle société : la doctrine du réalisme économique.

Cela donne droit à un véritable festival de l’antithèse. En effet, « le sens de la justice n’étant pas la principale préoccupation d’un État de droit », il appert que « dans la démocratie évoluée où vivait Michael, tout écart de conduite était réprimé sans pitié… » puisque « … l’État a créé un véritable cadre de pensée qui permet à chacun de s’exprimer librement dans le respect des règles établies. »

Critique satyrique de notre société contemporaine, ce livre prend la forme du procès de cette société futuriste et paradoxale où, finalement, témoigneront tous les grands écrivains et philosophes qui se sont exprimés sur l’amour. C’est intéressant, mais parfois lourd, l’argutie est impressionnante et tourne à l’occasion en ratiocination (enculage de mouches).

Comme le sujet de l’amour en est un fort complexe, l’auteur s’y perd parfois et son bouquin tourne un peu en rond. Surtout, que toute sa thèse qui vise à chasser le naturel se conclut de façon évidente.