couvre-feu
de Kamel

critiqué par Gan'dir, le 10 novembre 2006
( - 48 ans)


La note:  étoiles
Ardeur et sincérité
A l’heure où tout le monde s’interroge sur la violence des banlieues, pour une fois, c’est un banlieusard qui y répond.

Kamel ne donne pas seulement sa rage mais la profondeur de sa souffrance, de son humiliation, de sa solitude.
A l’origine de ses actes, une angoisse existentielle, une recherche d’identité, un questionnement virulent sans issue. C’est un enfant qui parle, un enfant touchant consumé par l’émotion.

Un livre touchant d’ardeur. C’est l’émotion et la pureté de sa spontanéité qui fait la différence avec les rappeurs ordinaires. Il touche le cœur, pas seulement la violence.
C’est un enfant qui ne demande qu’à vivre.

Ce texte est une montée d’intensité, un rythme tenu, tendu, qui court à la destruction, haletant, dans un flot de rimes parfois qui emporte, qui soulève la poitrine. Son écrit a la puissance exaltante du rap et les secousses poignantes des grandes tragédies.
Son état d’urgence a révélé le mien, intime, comme jamais.
Dans son langage rythmé, défiguré, il écrit ce qui nous transperce et va jusqu’à nous arracher des larmes. Kamel ne cherche pas l’artifice d’une langue qu’il connaît mal, il est dans son propre lyrisme, celui des chansons de rap, celui de la rue.

On n’a pas affaire à un cliché de banlieue, ici ce n’est pas d’un concept dont il est question mais d’un être qui existe, qui souffre, qui a des peines, des colères, des envies. Comme moi, comme nous tous.

Il est temps que l’être humain se rencontre à travers des êtres comme ce garçon.