Axiomatique
de Greg Egan

critiqué par Julius, le 9 novembre 2006
( - 50 ans)


La note:  étoiles
oui monsieur le juge, j'accuse Greg Egan de meurtre ! il a tiré à 18 reprises !! (ooohhhh dans la salle)
Axiomatique, ce sont 18 tueries, oui je m'emballe comme d'hab mais ce livre est terrible ! 18 propositions de réflexions, Greg Egan parle à notre intelligence. Pour les novices, surtout ne vous arrêtez pas à la première nouvelle, certainement la plus difficile d'accès et là on se dit "mince du Greg Egan pur cru, je vais en chier ...", les souvenirs nous assaillent, "L'énigme de l'univers" ! aaaargh ... je me suis accroché, oui accroché mais dieu que c'est ardu, ça m'a rappelé mon 2ème cours de maths quand j'étais grand : "bon je vais vous parler de l'axiome du choix !" aaaahhhhhhhhh mais c'est quoi ça !?!?
Cependant n'ayez pas peur mes frères ! Axiomatique est compréhensible et surtout intelligent, oui intelligent, Greg Egan est intelligent et nous rend intelligent, nous convie à un festin. Ne vous en privez pas ...
Identités 7 étoiles

NB : j'ai lu cet ouvrage dans son édition anglaise.

Greg Egan commence ce recueil avec un de ses thèmes favoris (les univers parallèles) avant de se pencher sur les liens qui nous attachent au futur : dans Eugene et The hundred light year diary nous ne sommes pas conditionnés par la passé mais prisonniers de l’avenir. « Into Darkness » puise également sa substance dans les théoriques de physique et de cosmologie les plus avancées.

Mais le thème principal est l’esprit, les effets des lésions cérébrales (The safe-deposit box ; Seeing) mais surtout la possibilité de le dématérialiser ou manipuler le cerveau grâce à des implants. Ces solutions technologiques permettent alors de s’interroger sur la personnalité et ses limites en faisant changer les esprits de corps et les corps d’esprit, en opposant une personnalité physique ancrée dans les neurones et une personnalité numérique gravée dans le silicium. Cette exploration est fascinante, même si les chutes des nouvelles sont souvent bien sombres et bien pessimistes (Learning to be me ; Closer ; Appropriate Love ; The walk…).
On finit le recueil par un petit bijou de mathématiques (théorie du chaos et fractale) dans Unstable Orbits in the Space of Lies.

Ce n’est pas mon recueil préféré (la biologie n’est pas ma passion) mais je ne peux que rendre hommage à la culture scientifique de Greg Egan et à l’imagination qui irrigue ce recueil de nouvelles si dérangeantes pour notre identité.

PS : Le tableau Caresses existe réellement et on peut en voir une reproduction sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Fernand_Khnopff.

Romur - Viroflay - 50 ans - 27 juin 2010


Le coffre fort et autres... 8 étoiles

Le recueil rassemble, et c'est souvent malheureusement, le propre des recueils, des nouvelles de qualité inégales selon moi.
"Le coffre-fort" est un petit bijou, le temps fort de ce recueil. Ce qui fait que lisant dans l'ordre du livre, les nouvelles suivantes paraissent moins bonnes, moins fortes. Il s'agit d'un - oui d'un quoi ? - esprit qui passe de corps en corps depuis des années, sans pouvoir entraver le phénomène. Dans une petite ville, depuis son enfance, il joue à saute-esprit. Comment grandir, comment être quand votre univers est si changeant ?
Dans "Lumière des évènements" il est question de la manipulation de l'information, au niveau micro et macroscopique.
L'attitude des parents, non-parents, dans "Eugène" est amusante, en contre-point de celle du médecin-collecteur de fonds. On trouve une réelle fraîcheur dans leurs personnages. Tout comme dans celui de l'héroïne d'"Un amour approprié".
Le texte "Les Douves" est comme un frisson. Beaucoup plus proche du réel actuel, beaucoup moins science-fictive que prospective. Le déchirement d'un voile qui dissimule, un voile qui se referme bien vite. Moins anecdotique que d'autres nouvelles telles que "La marche" ou "Plus près de toi".

Dans l'ensemble, passée la première nouvelle, véritable épreuve multiple (et dont je me refuse à juger étant bien certaine de mon incompréhension),les nouvelles ici rassemblées sont de grande qualité. On peut toutefois reprocher à Egan une certaine froideur dans l'écriture. Froideur qui de nouvelle en nouvelle se retrouve, toujours la même et qui finit par user, même un lecteur enthousiasmé par la prospective mise en mots avec intelligence par Egan, et cette galerie de personnages somme toute très sympathiques, auxquels l'identification ne pose aucune problème et ne suscite aucune question. Même le virologue qui dans son fanatisme aveugle ne fait pas preuve d'hybris. Aucune catharsis possible. D'où une atonalité dommageable à l'intelligence des propos.

Vda - - 48 ans - 9 octobre 2008