Marilyn dernières séances
de Michel Schneider

critiqué par Grossel, le 7 novembre 2006
( - 83 ans)


La note:  étoiles
ça dérange, ça déménage, ça balade, ça échoue de Marilyn à Ralph
J’avais déjà lu de Michel Schneider : Morts imaginaires, appréciant que cet analyste combine fiction et document pour affronter les derniers moments de personnes célèbres, tenter de voir, d’écouter si s’y disait une vérité.
Marilyn dernières séances participe de la même combinatoire : fiction et document pour tenter de voir, d’écouter ce qui se joua peut-être entre Marilyn Monroe et son dernier analyste Ralph Greenson.
Ce roman de 529 pages où l’essentiel de ce qui est écrit, rapporté, est retranscription fidèle d’articles, de livres mais où aussi l’auteur a fait appel à sa capacité d’invention de dialogues, de propos, de lettres se lit avec émotion pour peu que l’on ait été « séduit » par Marilyn, se lit avec effroi aussi car avec ces deux personnages, on franchit souvent la frontière entre la vie et la mort, entre le rêve et la réalité, entre les mots et les images, entre le paraître et l’être, entre la folie et la normalité, entre la peau et la chair, entre le corps et l’esprit. Aucune vérité ne pouvant se dire sur ces 30 derniers mois de la vie de Marilyn Monroe, sur le suicide ou l’assassinat de la star, sur les responsabilités ou non de Greenson, on sort de cette lecture hébété, tellement on est bousculé dans nos certitudes, dans nos regards sur soi, sur autrui, sur l’amour, sur le sexe.
La construction du roman est à l’image de cette saisie impossible, donc de l’impossibilité d’une histoire linéaire, avec un début, une fin, des personnages nettement dessinés sur lesquels on peut parler, qu’on peut juger. Rien de tel avec eux d’où un livre semblable à une partie d’échecs, avec des allers retours dans l’espace et le temps, entre 1950 et 2006, entre les différents protagonistes de ce récit en boucle qui se termine par les mots du début, par la nomination du journaliste Forger W. Backwright, auteur du roman : Marilyn dernières séances, dernière pirouette de l’auteur qui nous a baladés dans les innombrables impasses et miroirs de la question : qui suis-je ?, lui-même étant sans doute ballotté dans sa confrontation à ces deux énigmes que restent en fin de partie, Marilyn et Romi.
Ce livre, ce roman est terrible pour ceux qui comme moi croient à l’amour, qui croient savoir à peu près qui ils sont, sans prétention, qui ne sont pas border line comme Marilyn, transgressif comme Ralph.
Malgré ou grâce à ses excès, Marilyn est très attachante, indéniablement intelligente : il y a des textes, des paroles, des répliques, des poèmes, des notes qui sont des diamants à noter, à méditer car je suis convaincu que les border line nous disent beaucoup sur ce que nous sommes. Elle avait le sens de la formule qui bouscule.
En relation avec ce roman, on lira le roman, document-fiction : La malédiction d’Edgar de Marc Dugain sur les 48 ans de règne d’Edgar Hoover, à la tête du FBI, roman là encore terrible par ce que nous découvrons sur les Kennedy entre autres et sur la « démocratie » américaine ; le moins qu’on puisse dire est que nous tombons de haut, du haut de nos certitudes là encore.
Dans les deux cas, peut-être gagnons-nous en réalisme, en souhaitant que cela ne nous conduise pas au cynisme.
Intéressant. 6 étoiles

C’est un livre très long ; cinq cent pages pour raconter les relations entre une icône du cinéma américain et son psychiatre. Ils ont eu une relation ensemble, mais ce qui est certain, c’est que le psychiatre n’a pas pu sauver la jeune actrice. Normalement, les médecins n’ont pas le droit de divulguer les relations qu’ils ont avec leurs patients, donc comment un écrivain est arrivé à cinq cent pages. Surtout, le livre est consacré aux biographies séparées des deux protagonistes du livre. En particulier, la biographie de Marilyn. Mais le problème reste à ce niveau-là, des biographies sur Marilyn, il y en a des dizaines. Donc, il est facile pour un biographe, de s’y référer. On copie et on modifie. De tout façon, la biographie reste tout le temps la même, rien ne change vraiment. Après, il y a beaucoup d’anecdotes, en particuliers des faits de tournage. Des textes longs et avec de longues phrases. Donc, un livre long à lire. Beaucoup trop long à lire.

Obriansp2 - - 53 ans - 14 mars 2021