L'hiver sous la table
de Roland Topor

critiqué par Malic, le 7 novembre 2006
( - 83 ans)


La note:  étoiles
Chaleureux
L’hiver sous la table

Pour compléter les modestes revenus que lui rapportent ses traductions, Florence sous-loue le dessous de sa table de travail à Dragomir, un immigré d’Europe centrale. Ce dernier a installé là son échoppe , il y fait sa cuisine, discute avec sa voisine du dessus de la table et se heurte parfois à ses jolies jambes. Autour d’eux gravitent Gritzka, un cousin de Dragomir ( qui va également élire domicile sous la table !), Raymonde, une amie de Florence un peu snob et conformiste et Marc Thyl, éditeur, le seul personnage vraiment antipathique.

Avec cette pièce, Topor nous fait découvrir une nouvelle facette de son talent. En effet, contrairement à ce que pourrait laisser penser l’illustration de couverture si l’absurde y est présent, en revanche on n’y trouve pas cette sensation de malaise provoquée par ses dessins et ses contes, pleins d’humour noir, de grotesque et de vulgarité assumée. Il évite également le vaudeville salace auquel la situation se prêtait si bien. Dragomir et Florence sont des personnages sympathiques, adorables, pleins de naturel et de pudeur. Pour autant on verse pas non plus dans la mièvrerie. Derrière le postulat de départ absurde, développé avec inventivité, apparaît le problème de l’immigration que l’auteur, lui même fils d’immigrés polonais, connaît bien. Les dialogues sont toujours sur la corde raide entre banalité quotidienne et léger décalage absurde. La fin est surprenante.

Une très jolie fable, qui dit beaucoup de choses, sur la dignité, l’amitié, l’amour, les préjugés