Café Europa
de Serge Delaive

critiqué par Sahkti, le 2 novembre 2006
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Voyage au pays de nulle part
Le Café Europa n'existe pas "en vrai" et pourtant, il ressemble à tous ces bistrots dans lesquels des êtres se confient à d'autres et regardent défiler leur vie sans toujours pouvoir la retenir. C'est le cas de Lunus, qui se raconte à Delia, la roumaine patronne de l'Europa. Le bistrot est en bord de Meuse, Lunus voyage tout le temps mais revient en permanence sur ses pas. Asie, Afrique, Amérique... le lecteur se promène partout sur les traces de cet homme qui se métamorphose soudain en carnet de voyage ou en correspondance. Cela a de quoi dérouter par moments. On l'imagine là alors qu'il est ailleurs, cet homme est insaisissable, il va partout tout en n'étant jamais nulle part. Tout se mêle et s'entremêle, au risque de parfois créer une trop grande impression de flou. J'ai aimé le voyage, un peu moins sa densité, accentuée par une langue riche et chargée. L'écriture de Serge Delaive est belle, puissante, peut-être un peu trop pour un texte aussi touffu, si plein de tours et de détours, ça alourdit parfois le propos, crée une sensation de saturation moins plaisante que celle de l'ivresse des mots.