mon soi-disant amour
de Véronique

critiqué par Victoire, le 31 octobre 2006
( - 48 ans)


La note:  étoiles
« Quand tu pars, je reste ici, je m’abandonne … et je t’oublie » Extrait d’une chanson de Camille
Blessée, j’ai trouvé dans ce petit livre de Véronique, un passage pour moi…
Elle écrit une lettre à « son soit-disant amour » qui lui annonce plus qu’une rupture, une révolution : retournement à 360°.

Je crois que toutes les femmes de ma génération, les presque ou déjà trentenaires trouveront dans ce petit livre une voix, le plan d’une route qu’elles pressentent ou connaissent...
Une déception amoureuse, c’est commun ? Mais ce n’est pas lui qu’elle quitte, c’est elle-même.
Véronique touche la limite du conditionnement… ah ! rencontrer l’amour ! Programmation intenable contre laquelle nous nous heurtons tous et qui nous ramène épuisés, devant la nature paradoxale de la réalité.

… Fatiguée de cette course folle « toutes ces choses auxquelles j’ai cru, cette intensité de plaisir qui viendrait tout transformer, qui viendrait m’oublier » acculée dans l’impasse du couple qui se révèle n’être jamais une véritable union, elle découvre qu’en fait tout est duel, avec l’autre, comme en elle-même !!! « Tu es parfait et pourtant , non, ce n’est pas ça ! Non, rien ne me dérange en toi plus rien. Tu n’es pas mon coupable, rien n’est à changer, rien ne changera »

Pourquoi alors faire reposer nos vies sur cette attente inouïe ? Nous sommes toujours déçus…Elle dit ce que je ressens souvent. Pas vous ? Je regarde l’autre et je ne comprends pas qui il est… On croit être proche, mais c’est l’étrangeté ! On croit faire corps, on est deux.. Toutes ces contradictions qu’on voudrait gommer « Chaque fois où je te vois, je pense au moment où tu vas partir. Chaque fois que je jouis, je pense aux fois où je ne jouirai pas... »

Mais qui est l’autre? Mais qui suis-je ?
« Disloquée dans ces mille morceaux de moi que tu ne peux embrasser. De nos immensités nous ne touchons que les doigts de pieds. Des muselières pour pouvoir se rencontrer dans l’étroitesse de nos lieux communs. Je ne veux plus rien te sacrifier. Je ne veux plus me contraindre. Et pourtant je te convoque et pourtant, je t’attends »

Elle réalise que le couple l’amène à un jeu de pouvoir et de censure. La peur de le perdre l’aliène un peu plus « Assoiffée de toi, je ne suis plus que manque. Quand je te quitte, désemparée, je retrouve cet endroit où tu n’as pas lieu d’être. Quand, enfin je touche ma réalité, la consolation d’être vivante, en moi seule, je t’oublie »

Véronique nous livre le cri paradoxal que nous avons tant de mal à formuler. J’en ressors plus détendue en fait. Comme si j’avais crié…