Les gens autour du feu
de Olivier André, Thomas Scotto

critiqué par Sahkti, le 4 octobre 2006
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Entretenir le feu
Parler de la mort aux enfants est un sujet complexe et ils ont souvent une compréhension des choses beaucoup plus subtile que la nôtre ou que celle qu’on pourrait leur prêter. Si la mort due à la vieillesse est relativement bien admise, lorsqu’elle touche des personnes plus jeunes et surtout très proches, lorsque l’issue est programmée ou décidée, cela nécessite davantage d’explications, différentes, ouvertes, souvent fragiles car émotionnellement chargées.
A cet égard, priorité aux ouvrages qui abordent le thème en douceur tout en restant réalistes et sincères. Mentir ne sert à rien, préparer me semble indispensable.

Thomas Scotto le fait très bien, sous forme d’un conte initiatique qui raconte la disparition de Ampaba, le gardien du feu d’un village tahitien. Un homme empli de sagesse et respecté de tous, considéré comme immortel par les enfants du village, en particulier par Sanki qui refuse de croire en la mort de son grand ami. A l’aide de jolies paraboles et des dessins colorés d’Olivier André, Scotto raconte que le feu représente la vie et que si il s’éteint, c’est que l’on passe de l’autre côté, vers l’obscurité. Sanki refuse l’idée et s’enfuit dans la jungle. Il y rencontre des esprits qui lui livrent le secret de la vie éternelle : passer le relais au suivant et entretenir le feu, maintenir en vie l’image de celui qui est cher, même si son enveloppe ne fait plus partie du même monde.
L’atmosphère de ce récit est douce et grave à la fois, ouvrant la porte au dialogue sans détour à propos d’une réalité qui effraie.