Cette chose-là, suivi de: L'Homme souterrain
de Hristo Bojčev

critiqué par Sahkti, le 30 septembre 2006
(Genève - 49 ans)


La note:  étoiles
Du théâtre absurde et savoureux!
Hristo Boytchev est bulgare, né en 1950. Ses pièces de théâtre connaissent un succès grandissant un peu partout dans le monde. Grâce aux éditions L'Espace d'un Instant, voici deux pièces réunies et agréablement présentées: "Cette chose-là" et "L'Homme souterrain".

Le premier texte raconte l'histoire d'un homme qui entend des bruits la nuit, une chose invisible qui marcherait dans son grenier au point de le terroriser et l'empêcher de vivre normalement. Ses amis et son épouse n'entendent rien mais se prêtent volontiers au jeu de la recherche, n'hésitant pas à plonger dans le monde de la folie pour aider leur ami.
C'est un texte drôle, absurde, surréaliste, j'ai vraiment adoré! Les dialogues sont vifs, pleins de répartie, le ton est juste et très proche du lecteur. On peut sans doute lire ce texte à plusieurs degrés, en s'interrogeant sur la folie, sur l'imaginaire, sur la normalité.
Un texte très agréable que je n'ai pas encore eu la chance de voir au théâtre mais je ne manquerai pas d'assister à sa représentation le jour où ça passe dans mon pays.

La seconde pièce "L'Homme souterrain" se lit plus volontiers au second degré, même si le premier est amplement suffisant. Un homme sort une nuit d'un trou creusé dans le sol d'une chambre et propose à l'habitant de la maison la somme d'un million. Il explique venir de l'empire romain et arroser la planète de milliards depuis des générations, à l'aide de collègues et d'une structure hiérarchisée résistant au temps. Proposer de l'argent en grande quantité à des gens qui n'en ont jamais eu ne peut que provoquer fébrilité et anarchie. C'est bientôt le chaos, dans un monde comme dans l'autre.
Un texte dynamique, emporté, au rythme trépidant qui aborde avec humour et une bonne dose de gravité les nuisances de l'argent. A lire à double sens. En se plaçant dans la tête du pauvre devenu soudainement riche et frôlant la démence. En se glissant dans la tête de celui qui donne et fait la morale en expliquant que l'argent ne fera jamais el bonheur et qu'il n'est pas bon de le mettre dans les mains de tout le monde, sous peine de voir le monde (et donc le système en place) complètement chamboulé. Un texte plus politique que le premier, tout aussi agréable.
Dans les deux cas, une écriture vive et fluide, énormément de cynisme et d'ironie, beaucoup d'humour et des personnages très présents. A lire à tout prix ! (et à voir au théâtre si l'occasion se présente)

http://www.sildav.org : Le site de l'éditeur