Le long voyage de Léna
de Pierre Christin (Scénario), André Juillard (Dessin)

critiqué par Le rat des champs, le 19 septembre 2006
( - 73 ans)


La note:  étoiles
Le mystère de la femme en noir
Qui est la belle Léna, qui passe d'un train à un bateau et à un car pour rencontrer d'étranges personnages, à Berlin, en Turquie, en Roumanie? Une espionne de haut vol? Une terroriste? Le troisième couteau d'une association mafieuse? Elle est étrange, froide, son comportement est plus que professionnel, elle veille bien soigneusement à ne laisser aucune trace derrière elle, elle évite les douaniers et choisit de traverser les frontières aux endroits les moins fréquentés. Tout ça pour quoi? Pour remettre à une personne des ampoules d'insuline, à l'autre des chocolats, à une troisième un parfum. Bizarre...

Quand elle arrive au bout de la mission qu'elle s'est fixée, sur une plage ensoleillée d'Australie, on est totalement conquis par cette héroïne qui cachait si bien sa fêlure, et on se réjouit de bonheur qui s'esquisse enfin.

Une histoire pleine de mystère et de fureur sourde, rentrée, imaginée par Pierre Christin le talentueux scénariste de Bilal. Je ne vous en dirai pas plus, le mystère de Léna étant le clou de cette magnifique bédé dessinée par le plus que talentueux Juillard, l'auteur des 7 vies de l'épervier.

Une très belle réussite, qui ne surprendra pas les amateurs de bédé qui connaissent bien ces deux grands auteurs.
Très bel album 9 étoiles

Edité fort à propos dans la collection "long courrier" de Dargaud, j'ai été séduit par ce long et lent voyage de Léna, une immersion dans un monde d'espions, mais aussi fuite en avant pour rattraper un passé mystérieux qui, une fois révélé, nous faire lire cette histoire autrement.

Je ne suis pas du tout un aficionado de Pierre Christin (dans sa longue bibliographie, je pense n'avoir lu que deux de ses livres) et sans le dessin d'André Juillard, je serai sans doute passé à côté de cette histoire nonchalante, presque surannée, à l'image de ces "honorables correspondants" peuplant l'histoire.

Une démarche audacieuse de Pierre Christin qui peut dérouter certains mais qui trouve sa justification dans le dénouement.

A lire mais surtout à relire.

Hervé28 - Chartres - 54 ans - 10 novembre 2018


Un très bel album, de très grands auteurs... 10 étoiles

Ah ! Comme j’ai mis du temps à ouvrir cette bande dessinée… Presque un an… Et pourtant, ils étaient nombreux ceux qui m’en avaient dit du bien… Presque trop nombreux, ça ne pouvait pas exister une bédé de si grande qualité !
Alors mon cheminement s’est fait, tout doucement. J’ai commencé par relire quelques bandes dessinées scénarisées par Pierre Christin, histoire de prendre totalement conscience de son génie. Oui, cet homme sait raconter, planter des personnages, créer des situations… C’est après avoir relu « Les phalanges de l’Ordre Noir » que je me suis décidé à franchir le pas, il fallait que je rencontre Léna. Dans un premier temps, j’ai lu un tiers de l’histoire dans un magazine… L’envie de lire la suite était forte car on faisait connaissance avec une femme dont on ne savait rien. Certes, elle rendait visite à un obscur fonctionnaire d’ex-Allemagne de l’Est, elle apprenait par cœur une liste, elle prenait un bain nue dans un lac et… mystère et boule de gomme ! On ne savait, toujours, rien sur elle !
Pierre Christin menait son scénario de main de maître. Travaillait-elle pour un service d’espionnage de l’Ouest cherchant à éliminer tous ceux qui en leur temps avaient lutté pour donner aux démocraties populaires une avance technologique, industrielle, militaire ? Oui, c’était bien possible… Oeuvrait-elle pour une association politique qui avait décidé de provoquer la paix universelle en détruisant tous ceux qui à l’Est comme à l’Ouest ne cherchaient que la guerre ? Tout à fait possible ! Mais, après cette première rencontre berlinoise, le lecteur était dans le bleu complet…
Dès les premières planches, la narration graphique est envoûtante. Un dessin réaliste presque parfait, un rythme lent et méditatif qui permet au lecteur de pénétrer chaque personnage à commencer par la narratrice, cette femme habillée en noir… D’ailleurs, je trouve qu’elle voyage avec bien peu d’affaires, ne se salit presque jamais et utilise beaucoup son maillot de bain (ou ses sous-vêtements, allez savoir).
Voilà ! Il y a quelques jours, j’ai craqué… J’ai lu, enfin, l’album pour savoir qui était cette femme et quel était son but… Et je n’ai pas été déçu !
On suit Léna (appelons-la par son prénom) à travers plusieurs rencontres qui se passent dans le monde : Allemagne de l’Est, Hongrie, Roumanie, Ukraine, Géorgie, Turquie, Syrie… A chaque étape, André Juillard dessine si bien qu’on a l’impression de voyager, d’être immergés dans une nouvelle culture… en compagnie de Léna l’énigmatique…
Lorsque le voyage se termine, en Australie, lorsque le lecteur a, enfin, compris de quoi il s’agissait, lorsqu’il perçoit que la vie de son accompagnatrice pourrait bien s’améliorer, alors, comme moi, il refuse de refermer l’album et il cherche, par tous les moyens, à la rejoindre sur la belle plage en compagnie de ce petit garçon… J’y suis encore et c’est pour cela que j’ai bien du mal à clore cette chronique qui va terminer cette très belle histoire que j’ai adorée…

Shelton - Chalon-sur-Saône - 67 ans - 20 août 2007


J'ai aimé 8 étoiles

Oui, j'ai vraiment beaucoup aimé cette BD. L'héroïne a vraiment quelque chose de très personnel et ne manque pas de charme. Ce qui nous intrigue dès le départ c'est son air détaché de tout, non concernée et non désireuse de savoir à quoi elle participe. Or, elle doit se rendre compte qu'il ne doit pas s'agir de n'importe quoi.

Elle sent les gens ou non, mais cela n'influe pas sur elle.

Nous ferons avec elle un long parcours sur notre planète, utilisant pas mal de moyens de transports différents, avant que de savoir de quoi il retourne.

Une intrigue bien menée et un dessin que j'adore !

Jules - Bruxelles - 79 ans - 30 septembre 2006