La chambre des parfums
de Inderjit Badhwar

critiqué par Sahkti, le 30 août 2006
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Entre l'Inde et l'Amérique
Roman en grande partie autobiographique, "La Chambre des parfums" raconte la vie d’une famille dans la province indienne de Raïpur au milieu des années 1960. Tout au long du récit, une figure est là, marquante, permanente, celle du père. Un père malade, mourant, pour lequel Tan quitte les Etats-Unis afin de venir assister aux derniers fragments de vie paternelle. Ce père repose dans ce qu’on appelle la chambre des parfums. En le veillant, Tan repense à sa province natale, à sa culture indienne, à son départ pour les Etats-Unis où il ne s’intégrera jamais et sera toujours perçu comme un immigrant. Il réalise combien le fossé entre ses deux cultures est grand. Difficile de revendiquer la liberté sexuelle en vogue aux States alors que l’Inde ne vit que par un système de castes. Difficile de comprendre une sœur qui accepte un mariage arrangé mais prend des amants en cachette. Difficile de se retrouver un numéro au milieu de tant d’autres alors qu’il a cru devenir important en quittant sa famille. Ecartèlement permanent pour Tan qui doit apaiser des conflits profonds de personnalité.
L’écriture de Inderjit Badhwar est très belle, dépouillée, pudique, offrant une jolie porte de douceur aux monologues intérieurs du narrateur qui se cherche et n’arrive pas à trouver sa place et son identité.
C'est tout le dilemne des racines qui prend place dans ce livre, cette sensation de ne plus être vraiment chez soi. L'auteur raconte cela avec beaucoup de justesse.