La cimetière des anges
de Arnauld Pontier

critiqué par Bluewitch, le 20 août 2006
(Charleroi - 45 ans)


La note:  étoiles
Faux-semblants hermétiques
Pendant la guerre de 14, le père Faillard retrouve, dans la boue d’une tranchée, ensanglanté mais sans blessure, un jeune homme nu qu’il entreprend de sauver. Complètement amnésique, ce dernier ne peut rien révéler de lui-même en dehors du mystérieux reflet de ses yeux clairs. Alors qu’Adam se recrée, l’abbé perd ses repères, Agnès, sa jeune protégée, tombe amoureuse de l’inconnu et les villageois jasent.

Un roman à l’écriture poétique, suggestive, extrêmement imagée mais… terriblement hermétique. Impression majeure d’être dans un rêve, qui ne nous appartient pas vraiment, où des émotions surgissent, incontrôlées, difficiles à expliquer, et dont la succession d’événements nous échappe souvent. Difficile d’atteindre complètement la subtilité des choses, un peu comme si l’auteur écrivait pour lui-même ce qu’il connaît déjà, nous laissant parfois à côté, tentant de deviner le pourquoi, le comment. Et lorsque le récit bascule dans un fantastique onirique, le trouble s’empare de nous.

Peut-être est-ce moi ? Peut-être cet abstrait philosophique prenant le pas sur un minimum de clarté m’a-t-il déçue ?
Un roman centré sur le questionnement manichéen entre la foi et le doute, entre le péché et la pureté, entre le miracle et la manipulation. Le contexte moral et historique donne du souffle au récit et permet parfois de se retrouver mais… il n’en reste pas moins qu’en dépit d’un style très personnel et de qualité, l’auteur n’offre pas assez au lecteur le plaisir réel d’entrer complètement dans son texte.
Un livre manichéen en lui-même, fort de son atmosphère, faible par son obscurantisme épisodique, fort de son style, faible par son fond nébuleux, fort de son intelligence, faible par son (involontaire ?) élitisme.
Et donc… un espoir à moitié déçu.