Une Ville Immortelle
de Pierre-Jean Remy

critiqué par Manu_C, le 6 juillet 2006
( - 54 ans)


La note:  étoiles
... et fascinante
Fascinant et étrange ouvrage que celui-ci ; ambiance trouble voulue par l’auteur, informations - incomplètes et incertaines - distillées par l’auteur pour instaurer avec réussite un climat des plus brumeux.

L’histoire : Julien Wiener, fonctionnaire oublié et sans poste se voit confier la charge de consul de France dans la ville de N, cité d’art, de culture et de tourisme dans un pays qui ressemble à s’y méprendre à l’Italie ; sa désignation à ce poste s’accompagne cependant d’un dessein voulu par le président du conseil, inconnu pour le lecteur comme pour le personnage; son arrivée chaotique en plein hiver finit d’installer le climat. Son intégration dans la bonne société de N permettra d’installer la deuxième trame, aux origines issues de l’histoire de la ville et aux atours policiers qui gangréneront la vie du consul jusqu’au dénouement, inattendu mais, a posteriori, inévitable.

L’écriture de Pierre-Jean Remy est, comme d’habitude, excellente ; son lyrisme nous laisserait presque entendre la musique dont il sait si bien parler. La construction de l’ouvrage apparaît, a posteriori, parfaite et permet de véritablement percevoir l’envoutement du consul par la ville, ses habitants et ses secrets (l’auteur précise d’ailleurs la fusion de la cité et de ses habitants, un « tout » auquel le consul finit par appartenir puis dont il tentera de se séparer après en avoir enfin saisi l’essence). C’est aussi le constat pathétique de sa solitude, de sa vanité et de l’échec de ses illusions. La particularité de l’ouvrage est de laisser, bien volontairement, de nombreuses zones floues, le lecteur est ainsi obligé de reconstruire tout le récit à la fin et d’en saisir une improbable évidence (dans son dénouement, les tenants et aboutissant restent cependant mystérieux pour la plupart).

De nombreux débats ont animés ceux qui ont lu ce livre sur la ville de N ; beaucoup y ont vu la ville de Florence, pourtant cité de nombreuses fois au cours du récit mais peut être volontairement.

Une expérience très intéressante dans un style sans défaut par un auteur, académicien, qui maîtrise le sujet dans toutes ses dimensions, ayant occupé des postes de diplomate à Rome et à Florence.