Schmélele et l'Eugénie des larmes
de Claude Ponti

critiqué par Sahkti, le 3 juillet 2006
(Genève - 49 ans)


La note:  étoiles
Construire une maison
En début d’album, il est précisé que Schmélele se prononce Shmé-leu-leu, ceci pour l’anecdote.
Claude Ponti est décidément un auteur-jeunesse qui n’a pas son pareil pour raconter des histoires et présenter les événements avec un regard original et étonnant. Une vision qui plaît beaucoup aux enfants de mon entourage.

Schmélele est un récit initiatique, un conte drôle et grave à la fois qui raconte l’histoire de Schmélele dont les parents travaillent beaucoup (trop) afin de subvenir aux besoins de la famille. Cela présente cependant un inconvénient de taille : les parents peuvent rétrécir puis disparaître sous le poids de leur travail ! Schmélele se fait beaucoup de souci et se met à pleurer. Voilà que sortent deux larmes jumelles, les Eugénie, avec l’Eugénie des Larmes et l’Eugénie du Rire ! Accompagnée de ses deux nouvelles amies et de la porte de sa maison prénommée Bâbe, Schmélele décide de jouer un mauvais tour à l’Empêcheur, ce monstre "ronbidon poilu" qui les empêche d’être heureux. Tout est magique dans ce récit : la porte peut à elle seule reconstruire une maison si, par malheur, les murs et le toit étaient partis pour cause d’extrême pauvreté. Une porte mystérieuse : "Quand on ouvre une porte, on voit ce qu’il y a derrière, pas ce qu’il y a dedans" précise Claude Ponti. Des personnages étranges, comme la carpe Hédième qui vit dans un monde de bonbons, de gâteaux, de fleurs et d’ours en peluche. Un monde de douceur féerique qui a le pouvoir d’atténuer quelque peu la souffrance de Schmélele, disposant d’un don très appréciable : ennuyer l’Empêcheur avec ses rires, qui se transforment en piqûres d’aiguilles chez l’affreux monstre.
Et reconstruire ainsi une nouvelle maison.

Une fois de plus, le langage de Claude Ponti envoûte, ses jeux de mots poétiques sont savoureux et ses petits dessins éparpillés ci et là (une tasse de café qui se promène, discrète, au fil des pages, et qu’on retrouve mise en évidence à la fin du récit. Regardez la page 11 et les "Trois-hérons-cendrés-de-retour-au-nid-sucré") constituent un véritable moment de lecture-plaisir.