La maison de terre
de Christiane Veschambre

critiqué par Feint, le 14 juin 2006
( - 60 ans)


La note:  étoiles
Avec de la terre, construire… une œuvre.
Dans le récit liminaire – ni chapitre, ni nouvelle –, un homme construit une maison, avec de la terre. C’est de la belle ouvrage : l’homme connaît son métier, et la maison, c’est la sienne. Déjà, avant même que je commence à connaître l’auteur, cette maison de terre, les détails de sa construction, tout cela me parle : j’en connais une, non loin de chez moi (proximité autant affective que géographique), encore debout, habitée depuis longtemps par la même famille.
Précisément, cet homme, c’est l’arrière-grand-père de l’auteur. Mais cette maison-là n’existe plus. Aujourd’hui, ce n’est plus Jean-Louis Tourbin, qui à partir de rien construit sa demeure : c’est Christiane Veschambre, son arrière-petite-fille. Douze textes se suivent pour la mener de ses origines à sa maturité. Les origines : la naissance de sa grand-mère, considérée comme arriérée, orpheline de bonne heure, définitivement analphabète et dont un inconnu de passage abusera dans la solitude de la maison de terre. La maturité : l’auteur, ayant dépassé le stade de la simple revanche sociale, se tourne vers ceux qui lui furent proches ; plus près d’elle sa mère, son père, son frère, dont avec le recul du temps elle reconnaît la qualité du regard, et lui rend hommage.
Ce n’est ni le début ni la fin de ce chantier. On sent bien, à la lecture de La maison de terre, que d’autres textes ont précédé celui-là, qu’il faudra lire, pour ne rien perdre. On sent bien aussi que tout n’est pas dit encore.