C’est un Alexandre Dumas historien, peu convaincu des thèses officielles pour ce qui concerne la tentative de fuite de la famille royale en 1791 et ce qui s’est réellement déroulé, qui mène une enquête circonstanciée, qui rassemble les éléments disponibles, se rend sur le terrain et rencontre les derniers témoins encore en vie soixante-cinq ans après.
Il n’hésite pas à railler les historiens officiels, à pointer leurs inexactitudes, leurs fautes même, leur reprochant de manière incidente de ne manifestement pas s’être rendus sur le terrain. Alexandre Dumas se montre très précis et méticuleux.
Bien sûr, il n’aborde pas l’affaire uniquement de manière factuelle. Il est romancier tout de même et il prend en compte la psychologie de l’affaire, ce qui a pu décider Marie-Antoinette à décider Louis XVI, comment cette fuite s’est possiblement organisée. Alexandre Dumas tient d’ailleurs cet épisode pour un des plus décisifs de ce tournant qui vit la France passer d’une royauté à une République :
« L’échafaud sur lequel Louis XVI eut la tête tranchée avait cinq marches : la première, la prise de la Bastille ; la seconde, les 5 et 6 octobre ; la troisième, l'arrestation à Varennes. »
Pour un romancier comme Alexandre Dumas père, cet « accident » de l’histoire est pain-bénit. Tous les ingrédients sont là et il ne se prive pas de dépasser le simple factuel de l’historien pour interpréter les quelques jours qui ont compté dans la peau de Louis XVI, de Marie-Antoinette surtout, de ceux qui les ont aidés (Duc de Choiseul, Fersen, …), de ceux qui les ont reconnus et ont tout fait pour empêcher la fuite (Jean-Baptiste Drouet, Barnave, …). Cela donne de la chair à l’enquête qui se lit comme un … roman. Et me donne envie, puisque j’ai l’occasion régulièrement de passer vers Sainte-Ménéhould, Stenay, Montmédy, d’aller voir moi aussi, de marcher sur les pas d’Alexandre Dumas comme lui l’a fait sur ceux de Victor Hugo, souvent cité par Dumas dans cette quête pour le « vrai ».
Tistou - - 68 ans - 30 septembre 2013 |