Instruments des ténèbres
de Nancy Huston

critiqué par Saule, le 4 juillet 2001
(Bruxelles - 58 ans)


La note:  étoiles
A vous de juger
Je dois reconnaître que ce livre m'a laissé perplexe; du style je ne sais pas si je dois vous dire 'C'est génial, lisez-le' ou au contraire 'C'est presque une corvée de le lire' !
Parce qu'il faut reconnaître que ce livre est dur à lire, particulièrement le début qui est un peu rebutant. Passé ce cap difficile, une fois qu'on est pris par la force du récit, c'est autre chose; plus question d'abandonner (ce qui m'était arrivé deux fois auparavant), on est trop impliqué.
Il y a deux histoires dans ce livre. La première est celle de Nadia, une femme écrivain de 50 ans, meurtrie par la vie; un père violent et alcoolique, une mère en pleine déchéance, plusieurs divorces, un avortement... Nadia écrit un roman, qui raconte le destin franchement calamiteux de deux jumeaux, séparés à la naissance, dans la France moyenâgeuse. Les deux récits sont racontés en alternance, mais il apparaît que les personnages ont de nombreux points en commun, un peu comme si la narratrice, Nadia, était une lointaine parente de Barbe, l'héroïne malheureuse de l'autre histoire.
Au niveau de l'écriture je ne suis pas un fan de Nancy Huston; récit à la première personne, assez violent, écriture compliquée, beaucoup de digressions, bref il faut s'accrocher. Mais ça n'empêche qu'il se dégage une grande force de ce livre qui vaut la peine d'être découvert, ne fût-ce que pour se faire sa propre opinion sur ce livre hors du commun.
Deux histoires à quelques siècles de différence s’entrecroisent 7 étoiles

Comme la plupart, l’entrée dans la lecture de ce livre est laborieuse, à force de persévérance, je me suis laissée emporter par sa lecture, l’auteure nous tient en haleine avec les récits alternés de ces deux femmes. L’histoire bouleversante de Nadia permet à celle qui en fait le récit de se dévoiler, de renaitre et d’aimer à nouveau la vie. Roman bouleversant.

Ichampas - Saint-Gille - 60 ans - 5 janvier 2014


Du droit à disposer de son corps - Roman glauque, violent et "gore" 7 étoiles

L'alternance des histoires de la romancière et de son héroïne est une trouvaille, leur parallèle aussi, bien évidemment. Le droit à maîtriser son corps et son intimité est un combat de haute lutte, et n'a pas beaucoup changé, depuis la nuit des temps : c'est un peu la morale de ce livre.
Pour cela, que de violences physiques, de sexe gratuit, de maladies et de souffrances, au milieu de bondieuseries non moins sombres ! Tout cela n'est pas fait sans un humour ironique grinçant, sans une certaine auto-dérision, mais il faut vraiment arriver à avaler tout cela, pour arriver à savourer le message final. La pilule, au final, fait du bien, mais se révèle, par moment, difficile à ingérer.

Veneziano - Paris - 46 ans - 1 août 2011


En lisant on comprend 10 étoiles

Instruments des ténèbres
Par Nancy Huston

Appréciation Personnelle:

Les premières pages du livre instruments des ténèbres sont un peu difficiles à comprendre. Ce n’est que lorsque nous commençons à comprendre le déroulement des chapitres que l’on entre complètement dans l’histoire. Alors à partir de ce moment, impossible d’arrêter de le lire. Au début du récit l’on ne sait plus où l’auteure Nancy Huston veut nous amener. Vu son langage et la façon dont elle écrit son histoire, on peut parfois ce perdre. Ce n’est que lorsque les deux histoires sont commencées que nous pouvons amplement profiter de l’écriture de Nancy Huston. Après avoir lu le livre au complet, j’ai commencé à aimer la façon dont l’auteure écrivait. Elle écrit avec une telle fluidité que lire son roman devient si facile. Nadia est une personne que l’on peut trouver extrêmement bizarre mais nous pouvons apprendre au cours du livre à l’apprécier. Ayant vécu plusieurs choses difficiles au cours de sa vie elle essaye de s’apaiser en faisant vivre toutes sortes de choses au personnage principal de son livre Barbe. En conclusion, j’ai vraiment apprécié le livre instruments des ténèbres par Nancy Huston et le recommande à tout bon lecteur souhaitant se donner un défi.

Pamm3-x - - 28 ans - 31 mai 2010


Magnifique, encore une fois 9 étoiles

Effectivement, les premières pages sont plutôt difficiles à abattre en raison du style un peu compliqué et des nombreuses digressions de l’auteure. On passe du coq à l’âne et on ne sait plus trop où Nancy Huston veut en venir, mais il faut persévérer parce que c’est, encore une fois, un roman magnifique qui vaut amplement le détour!

À partir du moment où les deux histoires sont mises en place, le tour est joué; on est totalement absorbé par l’écriture de Nancy Huston. On est pris tant par la captivante histoire des jumeaux Barbe et Barnabé du 18ème siècle que par celle de leur écrivain, Nadia, qui nous livre des bribes de son passé et de longs monologues intérieurs.

L’histoire des jumeaux est passionnante et on veut toujours en connaître la suite. Mine de rien, Nancy Huston parvient à nous dresser un portrait précis et captivant du Moyen-âge dans lequel évoluent ses personnages. Les monologues de Nadia, quant à eux, sont réellement fascinants par leur manière d’aborder toutes ces choses de la vie, parfois toutes simples, auxquelles on pense de temps en temps sans s’y attarder vraiment.

Il y a aussi tous ces personnages, dans les deux histoires, qui paraissent si réels sous la plume de cette auteure… J’ai particulièrement «aimé» le personnage de Ronaldo. Quel talent!

Gabri - - 37 ans - 19 août 2009


un livre qui marque 10 étoiles

c'est vrai que le style est assez fort voire dur , mais on le lit vite tellement on est entrainé dans l'histoire on se demande comment va évoluer l'histoire ou plutôt les deux histoires
c'est un livre dont on se souviendra par l'originalité des deux histoires , la peur de la fin , le style de l'auteur

Tyty2410 - paris - 37 ans - 13 décembre 2007


Destins entrecroisés 7 étoiles

A l'issue de cette lecture, je me suis sentie partagée. J'aime beaucoup l'écriture de Nancy Huston, en particulier pour sa sensibilité et sa fluidité; également pour la proximité qu'elle arrive à créer avec ses lecteurs. Une proximité qui existe dans ce roman, avec le personnage de Nadia, mais je trouve par moment que cette femme est étouffée par la présence de Barbe. Protagoniste hautement intéressante elle aussi, mais c'est comme si les deux histoires racontées en parallèle étaient trop fortes pour tenir ensemble dans un même bouquin sans vouloir manger la place occupée par l'autre.
C'est dommage, ça m'a gênée par moments, même si ça n'a pas tout à fait gâché ma lecture.
Parce qu'il faut le reconnaître, Nancy Huston écrit tout de même bien! J'ai encore une fois ressenti beaucoup de plaisir à évoluer dans les pas de ses personnages féminins et apprécié particulièrement la noirceur qu'elle distille ci et là, cette souffrance si palpable, bref toutes ces émotions et ces sentiments qu'elle restitue avec une jutesse certaine. Pas de pathos ou de larmes à bon marché, il demeure toujours cette proportion efficace de sensibilité et d'humanisme qui évitent de tomber dans la facilité ou la mièvrerie.
Pas son meilleur roman à mes yeux (en tout cas, pas celui qui m'a le plus charmée) mais tout de même, une lecture qui en vaut la peine!

Sahkti - Genève - 50 ans - 23 mars 2007


Un de ces livres qui laissent une trace 9 étoiles

"Instruments des Ténèbres" est le tout premier roman de Nancy Huston que j'ai lu. Et il m'a tellement plu qu'il m'a donné une folle envie de lire le reste de ses oeuvres. Nancy Huston écrit extrêmement bien, avec une telle fluidité, une telle cohérence, qu'on se surprend à lire ce qu'elle écrit avec une rapidité des plus surprenantes. Les romans de NH sont essentiellement basés sur les relations entre les individus et l'individu avec lui-même. Ils peuvent être étonnamment introspectifs, mais sans jamais lasser le lecteur et l'abandonner en cours de route!
Pour revenir à son style, je pense que NH a su en trouver un propre et c'est ce qui me semble le plus intéressant.

Dans ce roman, il y a une foule de passages que j'ai trouvés particulièrement bien écrits. J'en ai sélectionné quelques uns:

"Personnellement, je ne fais aucune confiance en la vérité, il n'y a que les mensonges qui m'intéressent. Les miens en particulier. Même enfant, j'aimais mentir; et depuis que j'écris, le mensonge est devenue ma passion dominante"

" Le monde m'est égal! C'est une cause perdue, dépourvue de sens. Le sens c'est moi qui le fabrique. "

"Sur quoi peut-on écrire sinon sur les choses qui nous hantent?"

"Ah! La complexité insondable de ces interactions humaines, chacun de nous se baladant avec ses petits critères selon lesquels on juge les autres, tout en s'efforçant de répondre à leurs critères, même discrètement, sans en avoir l'air, en faisant semblant de n'être que soi et de n'avoir besoin de l'approbation de personne... Il n'y a aucun étalon-or, rien que ces perpétuels glissements, rajustements et compromis, chacun ajoutant absurdement le pied dans l'air à la recherche d'un bout de terre ferme pour le poser..."

"Comment se résigner à l'idée qu'il n'y aura jamais aucun jugement d'aucune sorte? Ni premier, ni dernier, ni jour d'expiation, rien du tout?

-C'est dur, je sais bien [...] mais au fond [...] ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de Démerdeur suprême qu'on est obligé de rester dans la merde!"

Ce livre (qui a reçu le prix Goncourt des lycéens en 1996) est donc un roman à deux voix, l'une contemporaine, l'autre du XVIIIème siècle. C'est une oeuvre littéraire qu'on ne croise pas tous les jours. C'est un roman merveilleux, captivant, étrange, mystérieux voire mystique. Un roman, qui, une fois terminé, ne s'oublie pas de sitôt car il est incontestablement de ceux qui laissent une trace...

Emjy - - 40 ans - 14 avril 2006


Déconcertée... 6 étoiles

...par la violence qui sous-tend cet ouvrage. Nancy Huston nous livre ici un roman sombre qui raconte en parallèle la vie d’une femme écrivain, américaine vivant à New York, la cinquantaine, et celle d’une jeune paysanne, Barbe Durand, qui a vécu au XVIIème siècle en pleine campagne berrichonne.
Ce roman a obtenu le Goncourt des Lycéens en 1996 et j’ai été intriguée par ce choix d’un livre aussi noir, dont les personnages sont hantés par le démon (daîmon pour Nadia, l’écrivain), le diable pour les paysans du XVIIème. Je reconnais qu’une fois passées les 30 ou 40 premières pages, on est fasciné par l’originalité du sujet qui m’a parfois glacé le sang.
Nadia, notre contemporaine, écrit ce qu’elle nomme « La Sonate de la Résurrection », l’histoire de Barbe, qui a réellement vécu et qui est morte à 25 ans en 1712. Ce récit est tout à fait conforme à ce que les historiens nous ont rapporté sur les signes de possession, les pratiques d’exorcisme qui s’appliquaient particulièrement aux femmes, les femmes étant plus souvent « possédées » par le démon.
Ce livre m’a aussi interpellée à cause du récit de la violence faite au corps des femmes depuis des millénaires, et plus particulièrement de leur détresse quand elles se retrouvent enceintes d’un enfant non-désiré : viols, toute puissance des « faiseuses d’anges », avortements dans des conditions effroyables…

Aria - Paris - - ans - 3 mars 2006


pas très convaincu 5 étoiles

L'imaginaire de Nancy Huston m'avait titillé dans les Variations Goldberg; ici, je n'ai pas retrouvé en moi le même enthousiasme, loin de là!
Quel style bousculé, pas spécialement esthétique du reste!
Quant à l'histoire en elle-même, en effet, comme d'autres ici, les parties consacrées à Barbe et Barnabé ont davantage éveillé mon intérêt quoique diminuendo.
Et quand la fin arrive, là, j'avoue que Huston m'a positivement surpris, d'autant plus qu'elle nous annonce "ça" (que je ne vais pas raconter!) depuis le début et qu'on parvient quand même à ne pas s'y attendre...

Jeparo - Bruxelles - 59 ans - 10 juillet 2004


Catharsis d'une âme perdue. 6 étoiles

En Secondaire cinq (terminale de lycée pour les français) J'avais demandé à ma professeur si elle avait un livre parfait à me conseiller..... elle m'a pointé "L'instrument des ténèbres", que je me suis empressé de lire.

La mise en abyme au départ assez évidente se veut la catharsis de Nadia qui raconte son désoeuvrement au travers des aventures de Barbe. Écrit avec la sensibilité d'une artiste directement liée a son oeuvre, je me suis longuement demandé si Nancy Huston n'était pas le réceptacle final de ce méta-discours.

Ce n'est pas vraiment mon genre d'histoire, mais c'est néanmoins intéressant, narrativement parlant.

FightingIntellectual - Montréal - 41 ans - 18 mai 2004


Une question de goût... 8 étoiles

Pour moi, l' " Instrument des ténèbres" est un livre beaucoup plus fort que "L'Empreinte de l'ange"... D'accord que ce dernier est plus facile à lire, mais le premier est un livre qui vous marque et que l'on n'oublie pas ! Même si je ne fais pas de Nancy Huston un de mes écrivaisn favoris, elle a écrit quelques bons bouquins, dont celui-ci.

Jules - Bruxelles - 79 ans - 9 février 2002


critique 8 étoiles

L'écriture du JE à l'état pur. Nancy Huston s'inscrit avec brio dans la lignée de ces écrivains capables d'humaniser à l'extrême leurs personnages, d'ouvrir au lecteur leur conscience de manière si impudique qu'un sentiment de voyeurisme peut parfois nous envahir. un style tout particulier qui peut au premier abord paraitre rébarbatif mais qui devient véritablement passionnant quand on choisit de s'y plonger entièrement. Une lecture qui se vit entière, sans demi-mesure. A découvrir...

Blandyne - Villeurbanne - 40 ans - 9 février 2002


Un livre génial 5 étoiles

"Instruments des ténèbres" est un des meilleurs livres de ces dernières années à mon sens, c'est dire si j'apprécie Nancy Huston. Son style est tout simplement époustouflant, il me prend aux tripes, il me fascine, il m'interpelle.
C'est toujours la Mort qui sous-tend l'oeuvre et c'est pour cette raison que Nancy Huston peut faire peur, mais quel sens de la dérision ; à ce point de vue, Dolce Agonia est encore pire -voir critique éclair- mais c'est un régal.

Apostrophe - Bruxelles - 63 ans - 11 juillet 2001


Un bon bouquin qui vaut la peine 7 étoiles

C'est pourtant vrai qu'il faut s'accrocher au début, mais quel destin que celui de Barbe et de son frère jumeau !...L'ambiance générale est parfois très oppressante. J'ai aimé le parallèle avec Nadia qui se pose beaucoup de questions sur elle-même. De Nancy Huston celui que je préfère c'est "Cantique des plaines", mais je n'ai pas encore lu "Dolce Agonia" que Bluewitch a déjà critiqué pour nous.

Jules - Bruxelles - 79 ans - 7 juillet 2001