Modeste proposition pour empêcher les enfants pauvres d'être à la charge de leurs parents ou de leur pays et pour les rendre utiles au public
de Jonathan Swift

critiqué par Eireann 32, le 19 avril 2006
(Lorient - 76 ans)


La note:  étoiles
Pamphlets irlandais
Swift n’a pas écrit que les voyages de Gulliver. Il est également l’auteur de plusieurs «tracts irlandais», certains anonymes comme les «Lettres du drapiers» où il dénonçait une magouille financière qui aurait ruiné l’Irlande.
Dans «Modeste proposition», Swift propose pour alléger les charges des familles nombreuses, de manger les nourrissons à partir d’un an. Il faut lire ce pamphlet avec le recul nécessaire, Swift constate que l’Irlande est complètement assujettie à l’Angleterre :
«J’admets qu’il s’agit d’un comestible assez cher, et c’est pourquoi je le destine aux propriétaires terriens : ayant sucé la moelle des pères, ils semblent les plus qualifiés pour manger la chair des fils ». Suivent, avec le plus grand sérieux, des arguments économiques, moraux et religieux.
Ecrit en 1729, si cette solution avait été adoptée, le problème nord irlandais d’aujourd’hui aurait été réglé à la naissance (si j’ose dire)-«Elle réduirait considérablement le nombre de papistes, qui se font chaque jour plus envahissants, puisqu’ils sont les principaux reproducteurs de ce pays, ainsi que nos plus dangereux ennemis». Autre avantage : les bœufs et porcs ainsi épargnés pourraient être vendus en Angleterre. Car la viande d’enfants est trop tendre pour être exportée, mais dit Swift, «je pourrais nommer un pays qui se ferait un plaisir de dévorer notre Nation, même sans sel»
La deuxième partie de ce petit recueil pourrait s’appeler :
la charité bien ordonnée commence par soi-même. Donc charité soit, mais pour ses propres pauvres. Swift suggère que chaque paroisse répertorie ses mendiants et leur donne un insigne, ce qui interdirait aux autres pauvres de mendier sur le dit territoire de la paroisse. Un coup de griffe aux Anglais au passage : « Il appert que les Anglais sont devenus assez munificents pour nous envoyer continuellement des colonies de mendiants, en retour du million d’argent en espèces qu’ils reçoivent chaque année de notre pays.
Un petit ouvrage vite lu, mais encore actuel dans les rapports entre l’Irlande et la Grande -Bretagne.
Une dernière phrase pour le plaisir : Donc la bénédiction «Croissez et multipliez» se trouve chez nous convertie en malédiction.
Dégoûtant, déroutant 6 étoiles

« Je pense que chacun s'accorde à reconnaître que ce nombre phénoménal d'enfants pendus aux bras, au dos ou aux talons de leur mère, et fréquemment de leur père, constitue dans le déplorable état présent du royaume une très grande charge supplémentaire ; par conséquent, celui qui trouverait un moyen équitable, simple et peu onéreux de faire participer ces enfants à la richesse commune mériterait si bien de l'intérêt public qu'on lui élèverait pour le moins une statue comme bienfaiteur de la nation. »

Faux pamphlet, mais vraie critique sociale, Jonathan Swift avec sa « modeste proposition » donne aux irlandais une solution « pratique » et facilement « réalisable » d’un problème de société. Ça a de l’humour, de l’ironie, je ne sais pas jusqu’où ça va loin dans la critique sociale, c’est difficile de juger parce que ce n’est pas direct, mais ça m’a plus donné le goût de me convertir au végétarisme qu’autre chose ! Eurk ! Vite lu, je recommande aux curieux.

Nance - - - ans - 18 juillet 2012