L'affaire Bernini
de Iain Pears

critiqué par Veneziano, le 17 avril 2006
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Faits divers au Musée
Jonathan Argyll, historien d'art britannique, travaille depuis peu au Musée Moresby, en Californie, après avoir officié à Rome, qu'il regrette déjà.
Il y croise un marchand d'art espagnol réputé, mais pas fatalement pour son intégrité, et lui fait part qu'il s'apprête à vendre à ce Musée des pièces d'importance. Cela éveille un peu de sa grisaille ordinaire le protagoniste.
La suite ne sera que pour l'émoustiller et l'intriguer.

S'opèrent au Musée un vol de sculpture et deux assassinats. La sculpture a fait l'objet de la plus vive attention de l'Espagnol quand il a appris qu'elle était destinée au Musée. Son Directeur, le milliardaire éponyme, Moresby, est retrouvé mort. Les soupçons se portent d'abord sur l'Espagnol, dont le corps est découvert inerte peu de temps après.

Argyll contacte sa grande amie de la police italienne, Flavia di Stafano. La sculpture est du Bernin, d'où le titre, vient d'Italie, et représente le buste d'un pape, d'où la couverture. Elle fait mine de se désintéresser de l'affaire dans les premiers temps, car elle regrette le départ de son ami. Elle fait finalement le déplacement. Comme on le devine assez vite, leur complicité est un tantinet ambiguë, sans qu'elle soit consommée, au moins a priori.

Les principaux suspects sont les deux plus proches collaborateurs, la veuve du Directeur dont on découvre assez vite les relations adultères et le fils de l'ancien chef des lieux, fils à papa glandeur. Les affaires professionnelles se mêlent et s'entremêlent et ...

C'est le premier roman de l'auteur que je lie. Je n'ai donc pas encore découvert L'Affaire Raphaël (bon filon pour les titres, il ne se foule pas trop) et le Comité Tiziano. Il n'y a donc pas chez moi de phénomène de lassitude : à propos d'autres livres, certains des membres de ce site lui reprochent de filer un peu toujours le même filon.

Je l'ai lu avant le Da Vinci Code et je l'ai préféré. On comprend clairement que c'est un polar. Pas de bavure et pas d'ambiguïté sous d'éventuelles allusions.
Ce policier est d'assez bonne facture, classique mais efficace. Il n'y a pas de tant de pathos, d'assez lourds effets et de fin abracadabrante comme dans le Dan Brown. Je l'ai d'abord lu avant ce best-seller rabattu. Le présent auteur a récidivé dans le domaine de l'art. Un phénomène de mode ?
Il faut peut-être passer outre l'humour flegmatique, distingué, ironique et parfois u brun distant du personnage principal qui pourrait un peu agacer certains. On peut y voir un double cliché relatif au Britannique et au professionnel de l'art.

Globalement, le livre tient bien en haleine, il réussit sa mission. C'est du bon : on peut s'y plonger en évitant le parallèle avec Da Vinci Code.