Lily
de Daniel Arsand

critiqué par Tistou, le 10 avril 2006
( - 67 ans)


La note:  étoiles
Enquête
« Le troisième samedi du mois de mai 1990, à midi tapant, le musée Lily Hagopian fut inauguré. Hormis un officier municipal et une maigre phalange d’huiles de la région, ne participèrent à la cérémonie que les neuf membres de l’association qui avait autorisé une villa à être convertie en temple – idée inspirée par la piété filiale ou quelque sentiment plus obscur, mais tout aussi trouble et tout aussi dévorant. En sa qualité d’unique rejeton d’une femme à la mémoire de laquelle était vouée l’édifice, Simon Hagopian prononça l’inévitable discours imposé par la circonstance. Un discours qui surprit, voire choqua, consterna surtout l’assemblée par sa brièveté d’épitaphe. « Epouse et mère, voyageuse parfois, extravagante à ses heures, maman mourut à la clinique Bonvallet, le corps depuis trop longtemps harassé de maux. La pauvre chose qu’elle était rendit l’âme en me parlant de l’amour. Ce lieu où vous ètes raconte une existence tour à tour insignifiante et magnifique, qui couvrit plus de sept décennies de notre siècle. » L’homme se racla la gorge, puis se tut. Il avait l’air exaspéré. »
Lily ? Lily Hagopian. Racontée par son hagiographe le plus zélé, Simon, son fils. Hagiographe au point d’avoir créé le musée en question, quasiment à usage privé. Il est l’habitant du musée, son gardien, le cas échéant le guide … Il est surtout celui qui, vivant parmi les traces de Lily, reconstitue, se souvient et peut être tâche de se délivrer de Lily, personnage baroque s’il en est.
Comme on peut le constater dans l’extrait proposé (l’entame du roman), l’écriture de Daniel Arsand est fluide, limpide. Les tours et détours des attitudes et détails de la vie de Lily le sont moins. Il y a de l’inquiétude, de l’oppression dans le comportement de lily et son décryptage tel qu’effectué par Simon. Je me demande si ce genre de roman, assez nombriliste n’est pas typiquement français ? Pour tout dire, je l’imagine difficilement intéressant un public anglo-saxon par exemple ?
On pense à Modiano, un peu, avec des obsessions récurrentes, ce climat particulier des comportements étranges qu’on tente de décrypter longtemps après qu’ils aient eu lieu. J’ai pensé aussi à Nina Bouraoui, Le bal des murènes, pour une communion d’inspiration apparente.
Les mères, quand elles ont un comportement qui dévie du rôle que la société leur attribue intriguent. Indéniablement.