La maison Russie
de John le Carré

critiqué par Jean Meurtrier, le 3 avril 2006
(Tilff - 49 ans)


La note:  étoiles
Bons baisers de la Maison Russie
L’action, racontée par le conseillé juridique de la Maison Russie, se déroule durant la Perestroïka, courte période sous le règne de Gorbatchev à la fin des années 80. A Moscou lors de la première foire audio, Niki Landau reçoit des mains d’une superbe russe manifestement peu à l’aise un manuscrit à transmettre confidentiellement à un de ses collègues de l’édition britannique, avec pour but de le publier. Le destinataire Barley Scott Blair est un chef d’entreprise négligeant, amateur de Jazz, ayant un certain penchant pour la bouteille.
Niki, patriote bien que d’origine polonaise, décide de remettre les documents aux autorités britanniques à son retour à Londres. La Maison Russie, le département des services secrets anglais en charge de la Russie flaire le scoop et se met à la recherche de Blair. Les documents semblent révéler des secrets importants concernant l’imprécision de l’équipement militaire russe.
Dès que Blair est retrouvé, au Portugal, il est enrôlé malgré lui par la Maison Russie pour rencontrer l’auteur du manuscrit, un certain Goethe, physicien que Blair aurait déjà rencontré lors d’un précédent voyage en Union Soviétique. Il s’agit de rentrer en contact avec lui par l’entremise de Katia la messagère et de découvrir ses intentions réelles, de clarifier certains points de son document nébuleux.
John Le Carré maîtrise son oeuvre. Expert du roman d’espionnage, il est parfaitement au fait de la donne géopolitique en cette période incertaine dont il tire parti. Le monde qu’il reconstruit est riche et convaincant. Il va sans dire qu’il n’y a pas de passage spectaculaire à l’instar d’un autre grand espion britannique. D’ailleurs l’héroïsme n’est pas une valeur mise à l’honneur comme dans certains romans antérieurs de Le Carré. Les intérêts divers et les méthodes utilisées par les nations impliquées (URSS, GB et USA) n’incitent pas non plus à la bravoure.
De quoi faire douter Blair, personnage extrêmement complexe et attachant. Et comme l’amour vient s’en mêler, notre homme va progressivement se métamorphoser, laissant son dilettantisme et ses sautes d’humeur sur le côté pour acquérir assurance et détermination. De manière générale, les personnages sont typés mais réalistes et leurs expressions sont très bien rendues.
Il s’agit d’un roman plein par son atmosphère « fin de guerre froide » bien rendue, mais il est plutôt lent avec peu d’action. Rien qui puisse me déplaire personnellement, mais qui découragera certains habitués aux polars modernes. Cependant, je me suis parfois demandé où on allait en venir, quelle était la prochaine étape de l’histoire, mais j’ai chaque fois été rapidement repris par la main, vers Moscou, Londres ou Leningrad.
Je n’ai pas encore vu le film avec Sean Connery et Michelle Pfeiffer, mais si l’occasion se présente, je ne la raterai pas !