La double méprise
de Prosper Mérimée

critiqué par Veneziano, le 26 février 2006
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Plaisant, bien qu'éculé
Cette oeuvre tient de Madame Bovary en plus ramassé, ce qui n'est pas négligeable : l'action en est serrée et plus vive. Comme souvent au XIXème siècle, il s'agit d'une histoire d'amour contrariée ; et, comme souvent chez Mérimée, c'est une nouvelle.

L'héroïne en est Madame Julie de Chaverny. Elle se commet à une double méprise, dans toute la polysémie du terme, ce qui rend le titre très fin, au sens de mépriser et de se méprendre. Elle vit avec un mari dont elle exècre la médiocrité. Il est certes riche, ce qui permet à sa beauté et à sa jeunesse de briller de tout son éclat, mais ce militaire, avec le temps, s'est vite montré un rustre.
Elle commence à s'éprendre d'un commandant placé auprès de lui, Monsieur de Châteaufort, qui accompagne même le couple à l'opéra, ce qui vaut des oeillades au bout des lorgnons et jumelles sur les caressements de mains.
Puis, revient de Constantinople Monsieur Darcy, Secrétaire d'ambassade, que Madame de Chaverny a bien connu. A un dîner, il relate son séjour.
Et, suite à un accident de voiture, Monsieur Darcy vient à son aide. Ils se souviennent de son passé. Et c'est là que l'on comprend, par leur conversation, comment ils ont pu se méprendre.

J'en reste là. Comme vous le préfigurez probablement, l'histoire tourne plutôt mal, et de mouture fort classique. Darcy et Châteufort se présentent conjointement chez elle et...

C'est assez agréable, mais du déjà lu maintes fois. Ces auteurs du XIXème, tout admirables qu'ils soient, s'influencent et se concurrencent les uns les autres. C'est un peu à celui qui exprimera la même chose le mieux, un peu à la manière d'un exercice de style.

La couverture de ce petit ouvrage m'a intrigué. On y voit deux personnages allongés, nus. C'est en soi assez agréable, mais il n'est pas question, dans cette nouvelle, de liaison charnelle. L'illustration est d'une certaine Chloé Poizat. L'homme ressemble à s'y méprendre - décidément - à Gérard Philipe, qui ne ressemble en rien à Monsieur de Chaverny, ni même vraiment à Darcy, censé être fort beau, mais blond. Châteaufort, probablement, mais son personnage est finalement un peu en retrait.