Le silence de Loreleï
de Carolyn Parkhurst

critiqué par Sahkti, le 4 février 2006
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Le poids du silence
Paul et Lexy sont jeunes, mariés, ils pensent être heureux. Paul est linguiste, Lexy fabrique des masques qui rencontrent un certain succès. Leur maison est sympathique, ils ont une chienne Lorelei et tout semble bien aller. Jusqu'au jour où Lexy grimpe dans un pommier, fait une chute, meurt. Accident, conclut la police.
Paul a du mal à faire son deuil. Son travail de linguiste le pousse à vouloir entrer en communication avec Lorelei, l'unique témoin des événements. Parallèlement aux chapitres consacrés au développement de la parole canine, se greffent une série de souvenirs et d'anecdotes qui dressent le portrait d'une Lexy un peu dérangée, très fragile, sujette à des changements d'humeur qui empoisonnent Paul. Petit à petit, Paul se forge une idée sur les dernières heures de Lexy. Au fur et à mesure que la vérité apparaît, le travail de deuil peut commencer. Il était indispensable.

Carolyn Parkhurst sonde l'esprit de Paul sans complaisance. Affecté par la disparition de sa femme, il n'hésite pas à ressasser ses défauts, les crises connues avec elle, autant d'éléments qui lui mal, autant voire plus que la disparition de l'être aimé. Processus douloureux et salutaire dans le cas de Paul, parce que c'est le seul qui lui offrira un peu d'apaisement. Il y a là énormément de sensibilité et de justesse dans la description des émotions ressenties. C.Parkhurst ne juge pas vraiment les actes de ses deux héros, elle glisse dans chacun une bonne part de nous-mêmes, ce qui rend le récit encore plus fort, plus proche.
L'apprentissage de la parole par Lorelei est un aspect secondaire du récit, même si à cause de lui, un drame se produira. Il est surtout le moyen de mettre en lumière les difficultés de communication, quelles qu'elles soient.
Une lecture agréable.