Pas chaud une bonne partie du livre, je me suis pris à son jeu vers la fin, à un moment où tous les éléments amenés sont repris avec humour (en effet, Sahkti !) et « philosophie » par le narrateur.
Tout commence (ou presque) par une lithographie représentant une femme à demi-nue dans un manteau de fourrure vue dans la vitrine d’un fourreur. À ces deux éléments antagonistes (le froid-glissant de la truite, le chaud-immobile de la fourrure), viendront bientôt s’ajouter les velléités de vol, d’envol, de saut du narrateur (qui, dit-il, est issu d’une famille d’acrobates)... Il faut souligner que le narrateur s’est installé, provisoirement, dans l’appartement de sa tante récemment décédée et qu’il côtoie des femmes, des commerçants du quartier, qu’il découvre au fil de ses déambulations.
On retrouve les thèmes chers à Nizon: la passion amoureuse, la marche, l’écriture, l’exil au sein d’un territoire étranger… mais atténués, déviés (si l’auteur ici n’écrit pas, il interprète les signes qui se présentent à lui), comme réfrénés, au profit, l’air de rien, d’un livre… de sagesse (l’auteur l’a écrit à près de septante-cinq ans). Car on a l’impression qu’à la toute fin, l’auteur lui-même, par ce court roman, est parvenu à la raison, à dépasser toutes ses contradictions pour atteindre à une légèreté sans pareille. Un détachement des réalités de ce monde qui s’apparente à un survol.
Kinbote - Jumet - 66 ans - 18 août 2008 |