Passages d'enfer
de Didier Daeninckx

critiqué par Voni, le 29 janvier 2006
(Moselle - 64 ans)


La note:  étoiles
Nouvelles sociales
Ce livre est un recueil de 21 histoires que je qualifierais de nouvelles sociales.
Elles sont le reflet de notre monde impitoyable où des personnages assez ordinaires traversent, quelquefois bien malgré eux, l’enfer de situations générées par cette société qui dérape à plus d’un titre “par désir de paraître, déni du passé, pour cause d’inertie, de lâcheté, quelquefois par désespoir ou générosité”.

Impossible d’aborder toutes les nouvelles tant elles sont complexes et différentes.
Alors, peut-être la première “Le salaire du snipper” puisqu’elle plante d’emblée la teneur des divers contenus. Il y est question de la manipulation crapuleuse d’un reporter en ex-Yougoslavie en vue d’augmenter l’audimat du journal de vingt heures. Les évènements, les participants, tout est orchestré, commandité, organisé d’avance pour que le reportage contente les spectateurs désabusés, assoiffés de sensationnel et d’images chocs. Impitoyable, jusqu’à quel prix…

Didier Daeninckx s’attelle à décortiquer ainsi le quotidien de l’ordre social et de ses nombreuses dérives. Construite avec cette force d’intrigue captivante caractéristique de l’auteur, chacune de ces nouvelles méduse à tel point le lecteur qu’il a bien du mal à enchaîner avec la lecture de la suivante tant il lui est nécessaire avant tout d’assimiler sa singulière causticité.

Les chutes stupéfiantes, assurément acides sont magistralement orchestrées et tombent, pour chaque nouvelle, dans les toutes dernières lignes, tels des couperets à la force implacable. Époustouflant !!

Un ouvrage très fort dont on ne sort vraiment pas indemne.