Vie de Hegel : Apologie de Hegel contre le docteur Hayn
de Karl Rosenkranz

critiqué par Sahkti, le 24 janvier 2006
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Première biographie officielle de Hegel
On peut se demander pourquoi il aura fallu attendre aussi longtemps pour voir enfin publiée en français cette biographie de Hegel éditée à Berlin en 1844, soit moins de quinze ans après la mort de Hegel, ce qui fait de Rosenkranz son premier biographe officiel. Rosenkranz a eu accès à de nombreux témoignages directs, a pu s'entretenir avec les amis et la famille et a analysé l'oeuvre de Hegel avec l'aide de penseurs et scientifiques contemporains qui lui ont donné accès à des manuscrits aujourd'hui disparus.
Rosenkranz était acquis à la cause de Hegel, un de ses fervents disciples, à qui on doit plusieurs travaux sur la pensée hégelienne. Une admiration qui ne nuit cependant en aucun cas à la qualité de cette biographie que de nombreux spécialistes actuels de Hegel reconnaissant toujours comme un ouvrage incontournable et riche de savoir.

Saluons le travail de traduction et d'annotation mené par le professeur Pierre Osmo pour l'édition de cette vie de Hegel par Rosenkranz. Les renseignements qu'il fournit, tant sur l'oeuvre de Hegel que sur la vie de Rosenkranz et le contexte permettent de se faire une idée plus juste et complète des rapports des uns et des autres et des tendances philosophiques et politiques en vogue à l'époque.

Rosenkranz retrace de manière détaillée le parcours de Hegel depuis ses études d'économie, fait dont on parle peu quand on aborde Hegel et qui a influencé sa vision des choses. On doit ainsi au jeune Hegel, en 1799, un commentaire sur l'économiste écossais James Steuart et le mécanisme pervers de la concurrence et du travail. Un manuscrit aujourd'hui disparu, dont Rosenkranz donne un résumé bienvenu.
L'oeuvre de Hegel est largement abordée dans cette biographie. La vie de tous les jours également, avec par exemple les années étudiantes et l'apprentissage de la vie. De quoi dresser un portrait humain et plus proche d'un philosophe dont la pensée a été triturée dans tous les sens.

Un reproche tout de même, certains silences, en particulier sur les goûts politiques de Hegel. Mutisme sans doute volontaire de Rosenkranz dû à une crainte de citer des noms de personnes encore vivantes ou au sommet de leur popularité. N'oublions pas que cette biographie a paru peu de temps après le décès de Hegel et que la plupart des protagonistes étaient toujours présents.
Pierre Osmo apporte des compléments d'informations et des réponses là où elles font défaut, faisant de cette édition par Gallimard un travail assez complet.