Sang lié
de David Bosc

critiqué par Sahkti, le 21 janvier 2006
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Aller au bout de soi
"Sang lié" est le premier roman de David Bosc. Le narrateur erre entre l'enfance et l'âge adulte, passage difficile qui ne s'effectue pas sans mal. Pour illustrer ce trouble, David Bosc utilise une langue à la limite du lyrisme, chargée, chantante, forte en symboles pour traduire tous ces souvenirs qui surgissent alors dont on aimerait faire table rase. Vouloir chasser un monde, c'est en fait lui ouvrir la porte de son âme. L'affrontement est inéluctable. Avec lui le doute. Difficile de résumer toute l'histoire de Sang lié. Je la perçois comme une errance mais aussi comme une quête initiatique, une recherche de soi-même. Le narrateur pousse son corps et son esprit dans leurs derniers retranchements, il souffre et se fait souffrir avant de tenter l'épreuve de la solitude seule en pleine forêt en compagnie de chiens. Des douleurs que David Bosc met en mots de manière très imagée, parfois un peu trop car cela alourdit le texte tout en lui donnant beaucoup de force. Ecriture dense et tourmentée qui traduit bien l'état d'esprit du héros du récit. Un auteur et un roman à découvrir.

Un extrait:
La liberté, alors, c’était être sur la plaine nue, en plein vent, avec vaguement, ça et là, des tas de pierres, avec au loin des arbres incertains. La liberté alors, c’était avoir peut-être le droit de se construire une cabane n’importe où sur la plaine, avec autant de cailloux et de bouts de bois qu’on en pouvait porter, pour ne plus dépérir, nuit après nuit – le droit, pensaient les uns, quand d’autres, dans les lames du vent, entendaient des ordres et des menaces, les cris d’une injonction." (page 11)