La couleur des abeilles est un roman complètement déjanté, plein d'humour et de cynisme... une satire du monde de l'art avec toutes ses dérives.
Marloch est en errance avec une charrette qui contient ses pinceaux, ses toiles et ses couleurs. Il est hébergé par un curé dépanneur de télévision qui subitement le chasse. Direction : Courdes (ça ne s'invente pas). Le lieu-dit est la Mecque des peintres de tout poil avec leur cohorte de modèles, leurs clients, leurs galeristes. Une odeur de térébenthine envahit l'atmosphère.
Marloch aime les têtes, les nuques aussi mais avec une nette préférence pour les voir séparées les unes des autres.
"Enfant, pendant les interminables trajet en bus, la nuque merveilleusement modelée qu'il apercevait entre deux tresses couleurs de paille appartenait à Peggy Mac Loane et dépassait en harmonie et en grâce tout ce qu'il avait pu contempler au cours des interminables trajets à travers les monts chaotiques. A l'approche d'un virage dangereux, la seule contemplation de cette nuque avait le pouvoir de dissiper ses angoisses. Il rêvait pouvoir un jour y déposer un baiser, ou même d'y promener la langue et les dents. Quand Peggy était assise juste devant lui et que sa nuque gracile dépassait du dossier de la banquette, il s'inclinait en avant pour en capter le parfum discret, si près que son souffle faisait frémir le duvet blond qui ondulait alors comme une vague."
Un bijou.
Monocle - tournai - 65 ans - 18 février 2017 |